Voilà un long métrage qui, en apparence, accumule les défauts : une erreur monumentale dans le choix de la date dès le carton d'ouverture (l'action se situe dans un Paris post-apocalyptique parfaitement impensable sur une échelle de moins de vingt ans : l'année 2135 au lieu de 2035 évitait le saisissant sentiment d'absurdité qui plombe tout le début du film), un casting bordélique et improbable pour le genre action/SF (un acteur de la Comédie Française, un autre de Nos chers voisins, les très auteurisants Louis-Do de Lencquesaing et Hélène Fillières, le méconnu Ola Rapace en tête d'affiche, qui frappe moins par la richesse de son interprétation que pour sa ressemblance avec Stephan Guerin-Tillie), les mêmes plans de coupe utilisés plusieurs fois, des dialogues un peu maigres, un scénario qui va volontiers à la facilité et multiplie les emprunts...
Pourtant, le film finit par plutôt pas mal fonctionner. D'abord parce qu'il compense son manque évident de moyens par une ambition honnête et de chouettes idées visuelles, usant d'une photographie soignée et surtout d'un troublant jeu de puzzle architectural (les graphistes ont eu la main heureuse) pour plonger un Paris réinventé dans une ambiance "à la Blade Runner" pas dégueu.
Ensuite parce qu'il compense son manque d'épaisseur et d'originalité par une utilisation assez efficace des codes et des ressors qu'il pique éhontément chez les petits camarades : si tous les rebondissements sont prévisibles et familiers, ils n'en restent pas moins divertissants et procurent un plaisir d'autant plus appréciable que la partie du cerveau qui finit par adhérer au spectacle ne perd jamais de vue celle qui remarque en permanence ses défauts et ses faiblesses.
On n'attendait pas de plaisir, ou on l'aurait cru coupable ; mais Arès, loin d'être parfait ou original, n'a rien de déshonorant.