Suite à la chute du Shah, l’ambassade des Etats-Unis en Iran se fait envahir par des manifestants. Dans la panique, 6 diplomates s’enfuient et sont hébergés chez l’ambassadeur canadien. Après moultes réflexions concernant leur sauvetage, il est décidé que Tony Mendez irait les chercher en prétextant… le tournage d’un film.
Voici le pitch du film et c’est aussi le contenu de la bande-annonce que j’avais vue lorsque je suis allé voir Skyfall. Il faut tout de même avouer qu’un tel pitch est tentant, surtout quand c’est Ben Affleck qui est derrière la caméra (ses films ne sont pas, selon moi, des monuments, mais on sent une réelle sensibilité) et devant la caméra (les cheveux mi-longs et la barbe lui vont super bien :o). Bref, c’était décidé, on irait aussi voir celui-ci avec mon pote (merci à son CE pour les réductions sur les places de ciné :o).

Je ne vais pas y aller par 4 chemins, j’ai été complètement absorbé par le film. J’étais complètement dedans, avec les 7 personnages principaux, vibrant lors des moments de tension, m’identifiant complètement à l’un des couples, ayant peur avec eux,…

!! SPOILER !!

Même à la fin, lors des 2 seules incohérences que j’ai vues, je n’ai pas pu m’empêcher de frissonner et de presque retenir mon souffle jusqu’à la sortie de l’avion de l’espace aérien iranien.

!! SPOILER !!


Pour moi, cette réussite est due à plusieurs facteurs. Bien sûr, le fait que ce soit une histoire vraie (ou du moins inspirée par une histoire vraie, j’y reviendrai) donne tout de suite une ambiance plus « réaliste » et des enjeux bien plus poignants que pour une fiction. La réalisation est nickel tant au niveau du rythme, du montage que de l’équilibre entre tension et relâchement de cette dernière grâce à quelques passages drôles très bien amenés (essentiellement grâce au duo Goodman/Arkin à Hollywood). Justement, les acteurs sont parfaitement choisis : à part Affleck, non seulement ils ne sont pas tous très connus (mais il y a beaucoup de têtes que l’on connaît via des séries TV ou d’autres rôles secondaires dans des films) mais en plus ils ont aussi été choisis pour leur ressemblance avec les personnes réelles de cette histoire. Ce n’est pas grand-chose mais c’est une découverte qui fait son petit effet. Mention spéciale à Kyle Chandler (héros de Demain à la Une) que j’ai plaisir à revoir et Richard Kind (Paul dans Spin City) qui fait une courte mais mémorable petite apparition !


!!! SPOILER !!!

Et donc, comme je le mentionnais plus tôt, c’est un film inspiré de faits réels. Comme toujours, une des premières choses que je fais dans ce cas-là, c’est d’aller voir les écarts et les différences avec l’Histoire afin de savoir à quel point j’ai été « floué ». Et bien, Chris Terrio, le scénariste, n’a pas trop romancée l’Histoire et c’est donc impressionnant de penser à tous ce que ces gens ont vécu. Certes, il est dit dans le film que les ambassades britanniques et australiennes ont refusé d’héberger nos 6 pauvres hères alors que c’est faux et toute la fin du film est réarrangée pour donner du suspense mais globalement, les événements sont relatés de façon plutôt correcte. En fait, à la fin, le scénariste a donné un sentiment d’emballement en faisant subir aux personnages un interrogatoire par l’armée et en concevant une course poursuite de l’avion par ces mêmes militaires et la police. C’est à ce moment-là que l’un des diplomates se met à parler en farsi alors que c’est censé être un professionnel du cinéma venu en Iran pour 2 jours. C’est donc là que je me suis dit qu’il faisait une erreur et qu’ils allaient se faire coincer à cause de lui, mais non ! Et le scénario « règle » ce problème d’un revers de dialogue « Bah, je travaille sur un film qu’on tourne en Iran, donc j’apprends le farsi ! » BAH OUI C’EST TELLEMENT EVIDENT, EXCUSE-MOI D’ETRE SURPRIS ! Ensuite, la course poursuite est déclenchée car le militaire n’arrive pas à appeler la tour de contrôle. Le chef de l’escouade décroche le téléphone mais n’arrive pas à la joindre. Je trouve ça un peu trop pratique…

Mais de toute façon, ce n’est en quelque sorte que de la forme, tout comme le coup des billets qui ont été annulés. L’administration Carter avait bien retardé l’émission des billets mais uniquement de 30 minutes et encore, des semaines avant l’exfiltration. Il y a encore d’autres broutilles indiquées sur le paragraphe consacré aux inexactitudes dans la page Wikipedia du film mais je vous invite à y aller si ça vous intéresse. Pour moi, la plus grosse inexactitude est surtout le fait que le film donne l’impression que c’est la CIA qui a tout organisé et laissé le Canada récolter tous les lauriers comme simple couverture alors que l’implication de ce pays et de l’ambassadeur Taylor ont été plus que ça. Et ce n’est pas le changement du texte post-générique qui suffira à changer cette impression.

!!! FIN DES SPOILERS !!!


Mais trêve de tergiversations historiques, le fait est que Argo est maintenant, pour moi, le meilleur film de Ben Affleck (bon, OK, je n’en ai vus que 3) grâce à une mise en condition du spectateur pour l’emmener au cœur de cette histoire vraie que ce soit au niveau du fond (le jeu des acteurs est admirable de bout en bout) que de la forme (les rouflaquettes et les pattes d’éph’, on s’y croirait !). Si vous vous laissez entraîner et vous vous impliquez autant que moi pour le sort de ces diplomates, vous ne pourrez que vibrez pour eux.

Et pour tous les rabat-joies qui sont blasés des histoires vraies utilisés pour tirer les larmes des spectateurs, je ne dirais qu’une chose : ARGO fuck yourself ! (il fallait bien que je la place quelque part :o)
sseb22
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le 14 nov. 2012

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