L'affaire des otages de Téhéran par le petit bout de la lorgnette... Six membres de l'ambassade américaine se sont réfugiés à l'ambassade canadienne et il faudrait les exfiltrer avant que le nouveau gouvernement en place n'apprenne leur existence. Ce qui, avec la foule hystérique et la police plus que méfiante tient largement de la gageure.

Pour cela, on prend Ben Affleck, spécialiste C.I.A. de la discipline qui est chargé de monter l'affaire avec l'aide de Bryan Cranston et des amis Caribous. Plutôt que de leur conseiller de partir en vélo, notre bonhomme barbu préfère monter un faux-film de toutes pièces avec John Goodman, truculent maquilleur de la planète des singes et Alan Arkin, producteur à la langue bien pendue. Le repérage supposé du film devant servir de couverture à l'opération.

Ben Affleck continue a être bien plus intéressant derrière la caméra que devant, il perpétue, un peu dans la veine d'un Eastwood ou d'un Clooney la tradition de ces acteurs-réalisateurs capable de diriger plus qu'honorablement leur film dans une tradition classique que l'on voit, hélas, de moins en moins.

Alors, certes, ça ne va pas révolutionner le cinéma, mais on s'en branle pas mal, l'avantage c'est qu'au moins, on peut s'intéresser à l'histoire, bougrement intrigante et c'est déjà énorme. En fait, ça devrait être la moindre des choses, mais vu que ce n'est quasiment plus possible de voir des films réalisés proprement de nos jours le plaisir gagne ce que la rareté lui offre.

Bien entendu, les acteurs sont parfaits, avec une petite pensée pour Goodman qu'on avait laissé au bord du cancer généralisé dans The Artist et qui nous confirme que oui, il a un peu vieillit, mais que sa rondeur et sa vivacité sont bien de retour, ce qui réjouira fortement l'ensemble de sa famille et la petite Gizmo qui s'inquiétait beaucoup.

Deux heures sans la moindre fatigue, un rythme soutenu sans hystérie, des ficelles un peu visibles mais qui fonctionnent tout de même, un regard moins manichéen que prévu sur la crise en question, une photo agréable, un montage efficace, du vrai cinéma donc, ce qui est déjà pas mal du tout.

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le 26 nov. 2012

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Torpenn

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