Difficile de se dire que cette comédie de Billy Wilder n'a que deux ans de moins que Certains l'aiment chaud tant l'ambition et la modernité dans les propos et la mise en scène semble en complet décalage temporel. Comédie romantique sur fond d'espionnage matrimonial, Ariane est la rencontre entre une étudiante de conservatoire curieuse et romantique et un ultra-riche qui ne vit que pour enchaîner les coups d'un soir autour d'un rituel méthodique.
Gary Cooper apparaît, plus de 60 ans plus tard, complètement outcasté, beaucoup trop fatigué pour être charmant et pas franchement le boute-en-train que l'histoire nous vend. Mais visiblement, il n'est pas encore assez fatigué pour éviter toute une palette de gestes de prédateur que l'apprentissage du consentement nous a, je l'espère, appris à ne pas reproduire.
En comparaison, le jeu d'Audrey Hepburn et même de Maurice Chevalier (relativement sobre), s'il sont encore encrés dans leur époque, restent bien moins figés et bien plus agréables à suivre dans leurs interactions. L'idée de base du film qui est de monter une rencontre autour d'un détective privé est plutôt plaisante et originale, elle amène tout un tas de faux semblants, de mensonges assumés et de projections fantasmées dans lesquelles Hepburn régale par des petites touches de mignonnes et chastes provocations. Néanmoins, on reste un peu bloqués sur le côté très pataud de Cooper, ce qui empêche franchement de croire à l'amourette.
Certains gags fonctionnent encore très bien à commencer par l'utilisation du groupe de musiciens gitans, à ce jeu sur les clichés détournés sur un Paris façon Doisneau et à ce pauvre Michel. D'autres ont mal vieillis, comme l'idée de taper sur le chien ou de faire un décompte un tantinet moralisateur des amants fictifs d'une femme trop jeune pour ça, sans assumer le propos presque libertin du début du film.
Il en reste un film plus charmant que réussi mais dont certains éclairs rendent le souvenir agréable. Il n'en reste pas moins mineur pour la quasi totalité du personnel impliqué.