Récompensé par le Grand Prix de la semaine internationale de la critique, Armadillo est un film documentaire danois sorti en 2010 et réalisé par Janus Metz.
Ce chef d’œuvre venu de Scandinavie dépeint l’impact qu’a la guerre sur les jeunes soldats déployés en Afghanistan. Nous suivons (entre autres) Mads et Daniel dans leur première opération extérieure dans le Camp Armadillo sur la ligne de front d’Helmand.
Janus Metz met en scène son œuvre avec une déréalisation totale, accentuant la proximité que nous avons avec ces soldats danois, la frontière entre le docu et la fiction étant rendue beaucoup plus flou comme le rapport qu’eux ont entre le virtuel et le réel, symbolisé d’ailleurs par un raccord tant troublant que fabuleux montrant une grenade lancée dans un jeu vidéo exploser dans la réalité.
Au fur et à mesure que les combats s’intensifient et deviennent de plus en plus violents, la méfiance et la paranoïa des soldats prennent le dessus, amenuisant toujours plus cette frontière entre le virtuel et le réel et creusant considérablement le fossé entre les intervenants occidentaux et la population Afghane. Ils luttent d’abord contre les talibans puis finalement contre « les 7 milliards d’ennemis potentiels qui peuplent le pays ».
Le quotidien est pavé d’interminables heures passées au camp, de temps passé à jouer aux jeux vidéo, à regarder des films porno et à discuter vainement avec la population locale, les deux partis ne souhaitant pas se comprendre entre eux.
Alors oui, Armadillo manipule assez froidement et très ouvertement son spectateur mais il lui pose les bonnes questions.
La manière de filmer est tout simplement superbe. Capturée au plus près de l’action avec une prise de risque maximale, la réalité s’offre au spectateur, et le spectateur l’accepte de la même manière que les soldats, avec cynisme.
A l’image de cette scène de fin où la notion de crime paraît lointaine, où achever violement un homme blessé ne nous rapproche pas de ces barbares que nous combattons simplement parce que nous nous cachons derrière la notion de bien et de mal. L’instinct de survie de commet jamais de crime.
Armadillo est glaçant. La musique constante renforce encore plus ce sentiment pesant d’insécurité et de tension latente.
Armadillo laisse des séquelles et fait désormais partie de la vie de chacun de ces Êtres qui se sont pendant quelques secondes confrontés à leur propres mortalité.