Louis Carrier, modeste employé, hérite d'une grosse somme d'argent et décide de se venger de la Société. Le film commence pied au plancher, laissant les explications psychologiques pour plus tard. Le suspense est mené jusqu'à son terme, sans défaillance, avec un montage serré, des dialogues épurés et la musique déprimante d'Astor Piazzolla. Le message de Jessua est contenu dans la dernière partie du film où il décrit le combat désespéré d'un homme isolé contre un troupeau bêlant de gens qui "écoutent seulement quand ils ont peur." Une phrase qui n'a pas perdu de sa consistance aujourd'hui conjuguée à une critique acerbe de l'aveuglement des masses, de la société-spectacle et de l'abrutissement via la télévision, un peu plus datés. Jean Yanne est excellent, au niveau de ses prestations chez Chabrol et Salvatori surprend en comparse stupide et obéissant. En revanche, Delon, qui ne s'est pas entendu avec le réalisateur, est plutôt médiocre. L'on attend assez longtemps une confrontation physique entre les deux personnages principaux qui n'arrivera pas.