Un schéma narratif certes simpliste, mais du style à revendre

Sortie en 1950, cette production des fameux studios RKO, a la particularité d’être signée par Richard Fleischer, l’un des fameux maîtres du cinéma noir américain. Même si l’on sent qu’il s’agit d’une œuvre de jeunesse, on entrevoit déjà la patte d’un maître en la matière.


Partant d’un schéma narratif que l’on pourrait qualifier de classique, une bande de malfrats entreprend d’organiser l’attaque d’un fourgon blindé. L’acte, rapidement emballé, on se retrouve dans l’après. Et c’est là que les enjeux prennent une ampleur beaucoup plus intéressante.
On retrouve les personnages typiques du film-noir Hollywoodien, avec l’antihéros et son pendant inverse, le gangster charismatique et le flic implacable. La femme-fatale est forcément présentée comme une prédatrice dont les charmes servent un dessein basé sur son propre profit. On l’aura compris, on n’est pas chez les Bisounours. C’est ce genre de personnages implacables et égocentriques qui ont fait les personnages de bad-guys ou de bad-girls du cinéma. En cela le film-noir possédait une grande capacité à imposer ces personnages hauts en couleur.


Même si le scénario n’est pas le principal point d’ancrage d’une intrigue d’une linéarité absolue, le film possède une excellente tenue et sa courte durée, moins d’1 heure trente, sert grandement son propos. Pas besoin de s'étaler sur 3 heures où la moitié du temps sert à blablater ou à s’agrémenter de punchlines graveleuses, ce genre de production devrait servir à diligenter la pauvreté de la production actuelle.


Dans une durée limitée, Fleischer réussit à montrer plein de choses. Grâce à une maîtrise hors-pair, et un sens déjà très affûté du plan qui sert à imposer une stylisation classieuse et sa façon d’impulser la construction d’un personnage en trois prises de vue. La marque des plus grands.


Avec un casting composé d’interprètes que l’on pourrait qualifier de second plan, pas de véritable têtes d’affiches, mais des « gueules » appropriées pour ce genre de film, Charles McGraw (The Killers de Kubrick, Les Oiseaux) dans le rôle du flic implacable et William Talman (Racket, Le Voyage de la Peur) dans celui du gangster froid et méthodique, ainsi qu’Adele Jergens, en femme-fatale, Steve Brodie, Dan Haggerty et Douglas Fowley,… une distribution qui fleure bon le cinéma Hollywoodien des années 50, Fleischer réussit une excellente série B magnifiée par sa maestria déjà bien présente, avec ses prises de vue angulaires stupéfiantes et son sens de la narration épurée.

philippequevillart
7

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de Richard Fleischer

Créée

le 29 sept. 2018

Critique lue 232 fois

3 j'aime

2 commentaires

Critique lue 232 fois

3
2

D'autres avis sur Armored Car Robbery

Armored Car Robbery
Torpenn
7

Prudence amère de sûreté

Après la déception d'un chef-d'oeuvre auto-proclamé indigeste au possible, rien de tel que de se replonger dans un tout petit film de l'âge d'or, une série B sans prétention des doubles programmes,...

le 2 août 2013

13 j'aime

7

Armored Car Robbery
YgorParizel
7

Critique de Armored Car Robbery par Ygor Parizel

En quelque sorte ce film est une leçon de cinéma, à sa manière. Richard Fleischer prouve avec cette simple histoire d'un braquage de fourgon blindé tout son savoir-faire et son talent narratif pour...

le 8 sept. 2023

4 j'aime

1

Armored Car Robbery
Teklow13
7

Critique de Armored Car Robbery par Teklow13

Armored Car Robbery est un peu le contrechamp des Inconnus dans la ville qu’il réalisera plus tard. Les deux sont des films de casse. Mais si le hold up intervenait en toute fin de film dans Les...

le 30 avr. 2013

4 j'aime

Du même critique

La Chienne
philippequevillart
8

L'ange et la mort

Dans La Chienne, second film parlant de Jean Renoir, c’est surtout quand les voix se taisent et que l’image reprend naturellement ses droits que le lyrisme dramatique s’impose pour offrir de grands...

le 31 janv. 2023

19 j'aime

2

L'assassin habite au 21
philippequevillart
8

Meurtre oblige

Première incursion de Clouzot dans un genre auquel il donna ses plus belles lettres de noblesse, en l’occurrence le thriller à la Hitchcock. Pour se faire il adopte un style emprunt à la Screwball...

le 21 avr. 2020

18 j'aime

8

Joker
philippequevillart
6

Autant de clown clinquant

C’est auréolé d’une récompense à la Mostra de Venise et d’une pluie de critiques dithyrambiques annonçant un classique instantané et une performance d’acteur de la part de Joaquin Phoenix emprunte...

le 9 oct. 2019

18 j'aime

5