La relève n'est (TOUJOURS PAS) assurée !
Ah non ! Les gars, ne vous laissez pas avoir par un bel emballage! Tout le mérite revient aux animateurs et à Cécile Corbel, et certainement pas à Yonebayashi, bien piètre réalisateur. Il n'y a qu'à le voir dans les suppléments présents sur le blu-ray pour s'apercevoir qu'il n'a rien compris à son film (il se demande même pourquoi il le réalise). Qui plus est, Miyazaki, assez tôt dans la production, évoque ses incertitudes quant à la réussite artistique de cette nouvelle production, ainsi que sa crainte de ne pas trouver de relève pour les studios Ghibli. On le comprend aisément.
Il est évident que Ghibli a, comme à son habitude, apporté un soin tout particulier à l'animation des personnages, et que les décors sont très chatoyants. Aussi, la bande originale relève clairement le niveau du film (elle le ferait d'ailleurs presque passer pour un bon Ghibli), Cécile Corbel composant une très jolie partition, très orientée "conte de fée". La française a clairement cerné le potentiel du scénario -imparfait malgré tout- de Miyazaki, ce qui n'est pas le cas du metteur en scène.
Hiromasa Yonebayashi, dessinateur talentueux, ne se destinait en aucun cas à la réalisation. Autant dire que cela se ressent sur toute la durée du métrage. La composition de ses cadres est bien peu inspirée et fait clairement pâle figure à côté des travaux de Miyazaki et de Takahata. Pire, le jeune "cinéaste", qu'on imagine pourtant sincère, nous présente une œuvre on ne peut plus mécanique et procédurière. La mise en scène est banale, creuse, n'accompagnant jamais l'émotion du scénario.
Yonebayashi s'empêtre dans une succession de références maladroites et fait deux erreurs capitales: celle de croire que le style Miyazaki n'est qu'une recette reproductible à l'infini, et celle de s'éloigner le plus souvent possible de l'univers du conte de fée (comme dit plus haut, la bande originale, elle, s'en rapproche avec brio). C'est lui même qui le dit, ses personnages ne sont pas ceux d'un conte... Bien malheureusement. Et c'est la principale raison pour laquelle le film ne retrouve jamais l'émerveillement procuré par MON VOISIN TOTORO.
Il faut dire que le propos du film est d'une étonnante fadeur. Son message écolo sur les espèces en voie de disparition, qui passe par un dialogue lourd et explicatif entre Arrietty et Sho (le garçon tellement peu attachant qu'on se moque pas mal de le savoir gravement malade), n'est qu'un exemple parmi d'autres.
Si les enjeux scénaristiques, aussi convenus que platement imagés, ne séduisent guère, il en va de même pour une histoire d'amour inintéressante et des personnages secondaires anodins (par ailleurs, le père disparait et réapparait comme un cheveu sur la soupe bien plus tard).
Pour en terminer, il faut aussi souligner le manque de trouvailles visuelles d'ARRIETTY. On se réjouissait d'avance à l'idée de retrouver les objets de notre quotidien vus par les Chapardeurs, mais Yonebayashi ne les met jamais vraiment en valeur (à part quelques clous utilisés avec intelligence), et il nous arrive, seul face à l'écran, de lâcher un "Mais pose ta caméra là-bas, bordel !".
Vous l'aurez compris, ARRIETTY est le prototype du film à priori séduisant (belle musique, technique de l'animation à la main époustouflante), mais en vérité cruellement vide. Il y a fort à parier que Miyazaki ne pense pas que du bien de cette première réalisation... tout comme il est certain qu'avec le même matériau, il aurait pondu une pépite, lui qui utilise ses décors avec génie, mettant en avant tous les petits rouages (naturels et matériels) qu'ils recèlent. La relève, c'est pour quand ?
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