Du besoin, parfois, de faire abstraction du contexte
Beaucoup, sinon tout a été dit sur Arrietty, d'autant que je l'ai vu bien après sa sortie.
L'ombre du Maître Miyazaki qui plane, un réalisateur un peu écrasé par la nécessité d'un "passage de flambeau" au sein du Studio Ghibli.
Un style graphique appréciable, mais une fois encore teinté de l'influence de Miyazaki et, de ce fait, sans beaucoup d'originalité.
Quelque part, cela m'a servi.
J'ai abordé Arrietty "objectivement", comme un très beau film d'animation, avec un scénario simple mais touchant (à défaut d'être original, que ce soit dans le sens "différent" ou "inédit").
Adaptation du petit monde des Borrowers, l'histoire est sympathique et respecte une trame "aventure" dans l'ensemble très classique, mais efficace.
Un traitement sans fioritures, très scolaire oui (à l'image de l'absence de réel méchant, sinon cette domestique que l'on s'attache à bien nous faire détester dès les premières minutes, et dont le physique ingrât trahit immédiatement l'allégeance).
Mais une minutie dans le dessin, l'animation, les couleurs, la lumière qui ne se dément pas au fil des ans.
Essayant pour un temps de faire abstraction de tous ces éléments finalement relativement secondaires, j'ai veillé à prendre Arrietty comme la petite parenthèse de poésie qu'il est.
Une héroïne attachante et volontaire, confrontée à des thèmes aussi récurrents qu'intéressants de la peur de l'autre et l'incompréhension de l'inconnu.
Découverte pour moi, la sublime musique de Cécile Corbel est un ravissement pour les oreilles et, Cocorico, une française (a fortiori une bretonne, donc Kokerike) met les pieds chez Ghibli, et de quelle manière !
Ce n'est pas le meilleur Ghibli, ce n'est même pas à proprement parler un chef-d'oeuvre, mais ça reste un très bon film d'animation, aux qualités techniques indéniables et porteur d'émotions qui, à défaut d'être fortes, sont sincères, presque naïves.
Il n'est bien sûr par exempt de défauts.
Le manque d'audace ayant déjà été mentionné ad nauseam, je m'attarderai davantage sur d'autres aspects.
Comme ce manque de profondeur accordée à la personnalité du jeune garçon (dont le nom m'échappe).
Ou, ainsi que je l'ai lu dans une autre critique (celle de cloneweb, pour ne pas le citer), une légère paresse dans le choix des décors, tant on aurait préféré un environnement bien plus constitué de bric et de broc, davantage d'objets du quotidien reconstitués au gré de rapines aléatoires, et non pas de simples modèles réduits de tables, chaises qui semblent bien trop manufacturés pour être honnêtes.
Ce n'est pas un long-métrage majeur du studio, du moins pas au sens où je l'entends, mais ça reste en très bonne place dans le petit monde de l'animation.
Et on le regarde sans bouder son plaisir, Miyazaki ou pas.