Troisième volet de la trilogie ukrainienne de Dovjenko, Arsenal raconte la révolte des ouvriers d’une usine de Kiev pendant la guerre civile russe. Le film s’ouvre pourtant sur des images de guerre sidérantes. L’une d’elles, surtout, frappe par sa puissance d’abstraction malgré l’expressionnisme qui s’en dégage : Un soldat nous regarde, hilare, asphyxié par le gaz, la fatigue, la folie. Ensuite, le film plonge en plein cœur de la lutte communiste, il est parfois rêche mais ne perd jamais de sa lucidité. Ce qui frappe c’est de voir comment l’auteur relie les hommes et la terre : Point de naturalisme forcené, mais une volonté de filmer les mouvements, des corps et des éléments. Le sens de la composition des plans impressionne autant qu’il désarme : L’apparent didactisme se confronte à quelque chose de plus expérimental ici, de beaucoup plus lyrique là. Pas facile à apprivoiser mais fort.