Il faut voir les 20 premières minutes d'Arsenal pour saisir et être saisi par ce que sont les révolutions (ou de ce qu'elles furent) par la fureur qui les met en mouvement. Dovjenko sculpte le temps et l'espace, les visages et les sentiments collectifs au scalpel et joue de la suspension du montage, de la puissance du choc entre mouvement et prostration immobile, rire nerveux et drame implacable pour créer un épilogue d'une inspiration rarement égalée, où l'homme est là, acculé par la guerre et la famine, sa condition représentée en un condensé de plans, d'histoires ramassées, prises dans le silence religieux du cinéma d'avant la parole.