Arythmie fait à coup sûr partie des deux meilleurs films russes de l'année et a d'ailleurs failli coiffer Faute d'amour au poteau pour représenter son pays à l'Oscar du meilleur film étranger 2018. Le personnage principal du film, Oleg, est ambulancier. C'est un homme dévoué à son métier, un peu trop peut-être, et désobéissant à sa hiérarchie quand il l'estime nécessaire pour sauver des vies, ce qui nuit à son avancement et à ses relations avec son infirmière de femme. A travers son quotidien, les cadences infernales de ses tâches et l'obligation de rentabilité voulue par ses patrons, c'est évidemment le portrait d'un système de santé lacunaire qui est fait, et plus largement d'une société russe qui semble avoir perdu tous ses repères. Arythmie est très éprouvant, avec ses situations d'urgence, le film privilégiant l'instantanéité et oubliant les patients et malades dès lors qu'ils sont parvenus à l'hôpital. Ces moments de crise alternent avec des scènes de couple souvent orageuses, avec un Oleg incapable de s'investir autant que dans son travail. Le film n'a quasiment aucun temps mort, toujours sur le qui vive. Pas reposant mais passionnant deux heures durant. Un cran en-dessous de Faute d'amour, quand même, à cause de l'incroyable densité de la mise en scène de Zviaguintsev.