La force d'As Bestas, c'est de s'immiscer là où ça coince.
Durant tout le film, on veut que le conflit se résolve, on veut que les longs plans se terminent. Mais ça continue.
Cette gestion si radicale et subtile de l'angoisse et de la violence me fais penser à celle de Craig S. Zalher qui, que ce soit dans ses films ou ses romans, sait aussi bien que Sorogoyen comment faire grouiller l'inconfortable chez le spectateur.
Le film marche si bien car nous sommes tous, spectateurs, majoritairement biberonnés au modèle narratif américain.
A ses plans, ses coupes, ses réactions, ses situations.
On voudrait secrètement que le personnage de Denis Ménochet s'avère être un ancien militaire qui revit la guerre et élimine de la surface de la terre ce village. Mais non. On voudrait que Denis Ménochet s'impose par sa stature et les mette hors d'état de nuire. Mais non. On voudrait que le personnage de Marina Fois prenne un fusil et se fasse justice. Mais non.
Le film s'impose comme le meilleur du genre, et fait éclater la médiocrité déjà intrinsèque des Chiens de pailles de Peckinpah.
On a constamment envie que le film cède à la facilité, mais il ne le fait pas. Il tient bon et nous on craque.