En 2022, il y a eu deux co-productions fantastiques entre la France et l'Espagne. Voici donc As Bestas que j'ai eu la chance de découvrir sur le tard mais sur grand écran quand même, porté par Marina Foïs et Denis Ménochet.
C'est le premier film de Sorogoyen que je découvre et j'ai vraiment bien accroché. La musique est pénible et oppressante à souhait, l'atmosphère est tendue comme un string et on sent que les choses vont s'envenimer assez vite dans le film. Seulement, cette progression vers l'horreur ne sera pas de tout repos pour les personnages, ni pour nous en tant que spectateurs.
Sorogoyen ose faire durer ses plans, capter la peur ou le danger dans un regard, un silence, sans jamais que ce ne soit ennuyeux. On s'attache assez vite à ce couple d'agriculteurs et malgré les minutes qui s'écoulent, tout devient assez ambiguë avec ces histoires de voisinage. On arrive à avoir une certaine empathie avec les "méchants de cette histoire", sans jamais les voir glorifiés à l'écran, tout en sachant qu'ils sont bel et bien les méchants. J'ai trouvé ça intéressant de jouer un peu avec nos valeurs morales, cette zone de flou entre le bien et le mal.
Il y a tout un travail d'écriture et de mise en scène aussi sur deux manières différentes de vivre une tragédie, à travers les personnages de la mère et de la fille dans la deuxième partie du film. J'ai tout simplement trouvé le film réussi : il perturbe sans jamais devenir obscène et c'est mis en scène de façon intelligente.