Au détour d'un zapping, je tombe sur la bouille de Denis Ménochet et je me laisse emporter par l'histoire de ce film. Antoine et Olga, un couple de français, viennent s'établir dans les montagnes de la Galice avec le rêve de faire revivre un petit village en rénovant ses maisons délabrées et en travaillant la terre. Malheureusement, ils se trouvent confrontés à leurs voisins qui ne sont pas ravis de voir débarquer des étrangers qui viennent leur dire comment ils doivent vivre. En effet, Antoine et Olga s'opposent au rachat des terres par une compagnie qui souhaite installer un parc éolien. Deux visions s'opposent, d'un côté les habitants de la région qui n'ont pas grand chose pour vivre et qui voient d'un bon oeil l'offre de la compagnie qui leur permettrait d'aller s'installer ailleurs. De l'autre, des gens qui viennent de débarquer et qui ne souhaitent pas voir leur nouvel havre de paix se transformer en champs d'éoliennes.
C'est dans ce contexte que Sorogoyen place son intrigue et sa mise en scène de film de genre. La tension monte à chaque scène, le découpage est efficace, on sent que rien de bon ne peut se passer. Le film se découpe en 2 parties, la première met en avant les hommes et la seconde les femmes.
Toute la tension et la violence se développe dans la première partie, celle des hommes. Là où certains voient une lutte des classes, j'y vois une lutte animale pour un territoire. D'un côté, les frères Anta, qui ont une attitude de prédateurs, comme les loups. Ils guettent leur proie, cherche sa faiblesse, ils la piègent. De l'autre, Antoine, un Denis Ménochet imposant, proche du buffle. Il fait peur, mais il reste une proie. Il est toujours dans une attitude défensive et il se sent aculé. Pour moi ce sont eux les bêtes du titre, ces hommes. Dans une scène, il y a une tentative d'explication entre Xan et Antoine, mais il apparaît clairement que leur conflit ne trouvera pas d'issue favorable. L'un considère l'autre comme un intrus et l'autre considère l'un comme ignorant.
Finalement, dans la seconde partie, ce sont les femmes qui vont amener une résolution à l'histoire. Olga, qu'on pouvait imaginer comme une pauvre brebis sans défense, démontre une force incroyable. Elle ne se laisse pas démonter et va nous montrer que c'est elle "la bergère" qui va conduire son troupeau et éloigner les loups. C'est aussi à ce moment qu'apparaît pour moi la scène la moins réussi du film, avec ce conflit mère-fille qui sent pas mal le surjeu de la part de Marie, la fille d'Olga. Mais, malgré cela, Marina Foïs est excellente dans son rôle d'Olga qui prend enfin la lumière dans cette seconde partie.
J'ai beaucoup apprécié ce film qui s'inspire d'une histoire vraie. Il y a certes quelques moments moins réussis et quelques longueurs. Cependant, cela faisait longtemps qu'un film ne m'avait pas happé ainsi.