Naissance d'un grand réalisateur

Premier long-métrage du très grand réalisateur hong-kongais, As Tears Go By frappe avant tout par l’exercice de style opéré par Wai, alternant entre polar hong-kongais et film dramatique.
Les scènes d’action sont magnifiquement mises en scène, et il est déjà très intéressant de dénoter l’intérêt que porte le réalisateur en particulier pour les silences et non-dits, à l’image de cette relation entre les personnages joués par Andy Lau et Maggie Cheung, où les sentiments respectifs ne seront dévoilés qu’après une heure de film.

Manquant toutefois de subtilité par moments, le film de Wong Kar Wai pêche néanmoins par son mélange de genres, certaines scènes sont hilarantes à l’image de ce mariage qui tourne à la dispute familiale, ou à cette première conversation ouvrant le film, où le personnage semble absolument perdu et répond après la grasse matinée.

L’utilisation de « Take my breath away » ici en version cantonnaise ouvre à l’une des plus belles scènes du film, peut-être la plus belle, où le personnage d’Andy Lau semble pour une fois bercé dans un rêve, embrassant sa cousine qu’il aime. Ce décalage constant entre le silence, la tranquillité et l’énergie violente d’une mafia hong-kongaise illustre déjà, alors même qu’il s’agit de son premier film, la capacité du metteur en scène à susciter la tension dramatique sous une direction artistique, toujours très inspirée.

Micro-critique rédigée en 2021.