Asako vit à Osaka. Elle est amoureuse de Baku, une jeune homme fantasque, qui un beau jour disparait. Plusieurs années plus tard, elle rencontre à Tokyo une jeune homme, Ryohei, qui est la copie conforme de Baku. D'abord réticente et troublée, elle tombe amoureuse de lui. Ils s'installent ensemble.
Asako I et II est une romance "auteurisante" japonaise de Ryusuke Hamaguchi(Senses...) de 2019.
Le film décrit le chemin amoureux compliqué d'une jeune femme successivement amoureuse de 2 hommes qui se ressemblent physiquement traits pour traits dans le Japon d'aujourd'hui.
Même si le film n'est pas un thriller, on ne peut s'empêcher de penser au Vertigo (Sueurs froides) d'Hitchcock ou à Body Double de Brian De Palma à travers ce thème central du double qui sera à l'origine de la déstabilisation de la jeune femme.
Très différent de Senses, Asako décrit une idylle amoureuse dans le Japon pas très bien portant post Fukushima.
La réalisation décrit les différents phases de l'amour contrarié des 2 personnages principaux dans un Japon toujours miné par les suites de l'épisode Fukushima et les tremblements de terre, notamment celui qui se produit au milieu du film, révélateur d'un nouveau changement d'humeur d'Asako.
Le film semble porter en permanence les concept de la versatilité et de l'incertitude. Asako, amoureuse de 2 hommes, physiquement identiques mais que tout sépare, change souvent d'humeur, à l'image d'un Japon fragile qui tremble sur ses bases (tremblements de terre) dans lequel plus rien ne semble garanti. Si Ryohei est un jeune homme calme, Baku porte bien son nom, le Baku incarnant dans la mythologie japonaise une figure se nourrissant des rêves et des cauchemars.
Une scène m'a particulièrement marqué: celle où Baku laisse Asako au pied du mur brise vague construit après le tsunami qui a provoqué l'incident de Fukushima.
https://www.youtube.com/watch?v=FVQlxK0AfZk
A la suite d'un nouveau revirement, la jeune femme escalade ce mur et fixe un horizon bouché et une mer agitée qui reflète assez bien les hésitations de son coeur et ses sentiments contradictoires. Filmé en gros plan, le visage presque enfantin du de la jeune femme apparait très pâle sous un ciel chaotique. Erika Karata (Asako) est une actrice lumineuse à la beauté de laquelle le réalisateur rend hommage tout au long du film.
Masahiro Higashide (Invasion...) interprète les personnages de Baku et de Rihoey.
Très différent de Senses consacrés dans ses cinq films à différents portraits de femmes, Asako est une romance qui m'a séduit par son rythme lent, ses étrangetés et son incertitude scénaristiques.
Ma note: 7/10