Avec Asako I&II, Ryusuke Hamaguchi traite avec délicatesse de l’empreinte durable des sentiments premiers. La jeune Asako a connu un premier amour vibrant et puissant, dont la disparation soudaine va la marquer profondément. Dès lors, en retrait, elle est plus que réticente lors de la rencontre fortuite avec le sosie de ce premier amour. Désireuse de ne pas se brûler encore les ailes, ou encore fidèle à un idéal disparu, la jeune femme poursuivra cette relation avec prudence. Le premier amour est-il toujours indétrônable, mme après tant d'années ?
Le film m'a rappelé d’une certaine manière Un amour de jeunesse de Mia Hansen-Løve, où là aussi une jeune femme marquée par son premier amour n'arrive pas à s'en détacher. La comparaison serait stérile, tant les ensembles culturels et les choix des protagonistes sont différents, mais on y retrouve cette nostalgie du temps perdu, ainsi que des personnes au cœur comme figé.
Ici, le pendule émotionnel entre l’incandescence fugace et égoïste de Baku et le dévouement serein et stable de Ryohei place souvent Asako en spectatrice. Le réalisateur utilise ce prétexte pour observer avec douceur la société japonaise moderne, ses attentes, ses contradictions et ses (dés)illusions, loin des clichés et stéréotypes.
Ryusuke Hamaguchi filme assez proche de ces protagonistes, qui ne sont ni étouffés ni perdus dans le cadre seulement à la juste distance. La photographie est assez douce, ou alors vers des jaunes chaleureux, toujours un registre poétique, qui vient souligner le piège de la nostalgie. On peut reprocher à Erika Karata de jouer une Asako trop sur la réserve, là où Masashiro Higashide obtient un double rôle très intéressant. Ce manque de prise de position, de nerf s’il on peut dire, est pour moi un petit point faible dans une œuvre touchante, empreinte de pudeur.