Des destins se croisent : le drame se noue, les personnages se débattent en vain contre le Destin implacable. A la fin, il n' y a que des perdants. Et tout ça pour rien car il aurait suffi qu'un des personnages ne lève pas les yeux, à un moment donné, pour s'apercevoir de quelque chose (que je ne dévoilerai pas), pour qu'il ne se passe rien ou que tout se passe bien.
Un bijou cinématographique dont on ne sort jamais indemne même après plusieurs visionnages.
Et puis la trompette de Miles Davis envoûtante, déchirante, lente.
C'est un film noir, où pratiquement aucun personnage n'est sympathique ou porte à l'empathie. Jeanne Moreau est extraordinaire en amante fatale errante sous la pluie dans un Paris hostile et froid, qu'on découvre peu à peu manipulatrice. Maurice Ronet, en ex-officier beau et conquérant qui ne s'embête pas avec les détails, tombe dans un bête piège que son expérience passée de baroudeur ne lui permet pas de résoudre.
On reconnaîtra dans le personnage du jeune voyou Louis, Georges Poujouly le petit garçon de "jeux interdits", ici dans un rôle qui aurait peut-être mérité d'être un peu plus travaillé…
Et puis toujours la trompette de Miles Davis, envoûtante, déchirante, lente dont on dit que Miles a joué et bâti sa partition simplement en voyant les images du film…
C'est pratiquement le premier long métrage de Louis Malle et certainement, pour ce qui me concerne, un de ses meilleurs films avec Lacombe Lucien.