Cela faisait de nombreuses années que je voulais voir ce film et ce pour une unique raison, sa bande originale composée par l'un de mes musiciens préférés l'immense Miles DAVIS, que j'ai eu la chance de voir en concert et à propos duquel je ne peux que vous encourager à découvrir le documentaire disponible sur Netflix "Miles Davis : Birth Of The Cool" qui fera réaliser à nombre de spectateurs en quoi ce mec a révolutionné non seulement la façon de composer ou de jouer, mais aussi de penser la musique et même de l'incarner.


C'est donc assez enthousiaste que je lançais la lecture du DVD et découvrais enfin ce film, si à partir d'un postulat de départ assez simple, un amant et sa maîtresse planifient l'assassinat du mari de madame, mais comme on peut l'imaginer un grain de sable dans le rouage viendra gripper le mécanisme.


Louis MALLE dont je n'ai vu que Au revoir les enfants (1987) dont je garde un très bon souvenir mais que je n'ai pas vu depuis son exploitation en salle lors de sa sortie et dont j'ai en DVD pas encore vu, Lacombe Lucien (1974) dont on m'a dit le plus grand bien, déploie une mise en scène d'un très grand classicisme, néanmoins il m'a semblé qu'à aucun moment il ne tombait dans l'académisme et offrait une grammaire de cinéma, non seulement d'une maîtrise absolue, mais s'évertuant de façon sans doute timide, mais présente à bousculer les codes.


D'abord il y a le montage parallèle entre les deux principaux protagonistes, lui bloqué dans son ascenseur, incapable de signaler sa présence ou de prévenir celle qui l'attendait, l'image et le cadre l'enferment tout autant que sa situation dramatique. Elle bloquée dans ses interrogations, troublée par un quiproquo quasiment vaudevillesque jouit d'une mise en scène et d'un cadrage plus aéré, bien qu'en même temps on parvienne a ressentir l'enfermement psychologique dans lequel elle semble s'enfermer au fur et à mesure que la nuit, l'attente et l'envie de comprendre la font s'isoler du reste du monde.


Ce sont ensuite de longs plans séquences, des travelings toujours signifiants, et d'autres artifices de réalisation que je vous laisse découvrir, qui me font penser que sans doute inconsciemment Louis Malle posait avec presque 15 ans d'avance les fondations d'un cinéma encore inexistant en théorie que l'on nommera "la nouvelle vague", ce cinéma du mouvement, ce cinéma qui sort des studios pour embrasser les décors naturels et même dans certains dialogues ou pensées des protagonistes il me semble déceler cette idée.


Mais là où le film m'a paru absolument grandiose, c'est par son scénario, sa construction tient à la fois de l'école de la tragédie racinienne et du film de dialogues. C'est un film dont l'écriture est exemplaire, où chaque personnage, y compris ceux qui semblent secondaires en raison d'une présence à l'écran assez réduite, finissent par être les pièces d'un puzzle dont on connaîtra l'absolu à la fin. Les différents éléments qui jalonnent le film ont l'intelligence et je dirai même la politesse, de créer un suspens et des pistes de réflexion qui nous tiennent en haleine sans chercher à nous embrouiller plus que de raison, ce n'est pas un film à "twist", c'est au contraire un film où tout s'emboîte parfaitement pour au final nous amener à une conclusion finalement attendue mais néanmoins troublante car alors qu'on s'était pris d'une forme d'empathie envers ces deux êtres, le film vient briser nos espoirs tout simplement en nous rappelant la dure réalité.


Je conclus en évoquant la fameuse bande originale que je connaissais depuis longtemps pour dire qu'en plus d'être brillante de façon individuelle est également fascinante dans son rôle d'illustration et que d'avoir enfin pu mettre des images sur ces notes m'a grandement réjouit.


Il y a d'ailleurs un bonus sur mon DVD que je vais vite regarder "Souvenirs du pianiste René Urtreger sur l'enregistrement de la musique de Miles Davis".

Spectateur-Lambda
7

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le 22 oct. 2022

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