Ben comme quoi suffit pas d'être un fils de ... pour faire un bon film. Bon, après, le père n'a pas fait que des bons films non plus.
L'intrigue est ici assez mal ficelée. L'idée de base n'est pas mauvaise, mais le développement peine à convaincre. La mise en place est extrêmement longue (53') et laborieuse : on se demande ce que fait l'auteur, pourquoi il n'entre pas dans le vif de son sujet ? ce n'est pas une digression, mais on sent qu'on tourne autour du pot.
Le pire, c'est que l'élément déclencheur, le moment charnière, celui où les habitants décident de faire justice aux-mêmes, ne fonctionne absolument pas. L'auteur présente cela au travers de quelques cas particuliers... mais comment justifier une telle violence alors qu'on sait que de tels événements ne mènent pas forcément à autant de meurtres. Après, quoi il y aune sorte d'ellipse et d'un coup on comprend que tout le monde décide de jouer à "The Purge" : là ça fonctionne justement parce que c'est ellipsé, le spectateur peut lui-même créer des liens. Mais les premiers meurtres, ça ne va pas, peut-être parce que ce sont des anonymes ou parce que c'est trop stylisé comme dans un film d'horreur pour ado, tout paraît superficiel et gratuit. Or, ces meurtres ne sont pas gratuits, aussi fous puissent-ils être.
L'escalade de violence n'est que peu satisfaisante : on attend une heure pour en arriver à une mini boucherie pas très fun, de quoi repenser à l'intro qui promet tant : tout ça n'était que du vent. Les héroïnes s'en sortent trop facilement en plus : on ne ressent jamais les conflits, elles subissent dans un premier temps sans avoir l'opportunité de réagir, puis elles réagissent parce que les auteurs l'ont décidé et d'un coup elles deviennent bad ass... mais il n'y a aucune construction, ce revirement est plus une grosse facilité d'écriture qu'une évolution narrative bien pensée et bien amenée.
Au niveau du message, je suis un peu partagé. J'ai l'impression que l'auteur a juste voulu reprendre ce qui fait parler la presse à Hollywood et surfer là-dessus. Pourquoi ? Parce que ce n'est pas très développé mais ce n'est pas non plus assez minimaliste pour être considéré comme un simple film d'action fun. De plus, on dirait un détournement de problème de société pour parler de féminisme, un truc que beaucoup de méchantes féministes emploient, c'est-à-dire qu('elles prennent un truc commun à tout le monde et en font un problème de femmes. Ici, on aborde brièvement plusieurs problèmes intéressants mais l'auteur ne se focalise, au final, que sur le traitement de la femme.
La mise en scène est tape à l’œil, avec sa grammaire néon typique de notre époque. J'aime bien ces effets de style soignés... et pourtant ici je n'ai pas vraiment été convaincu. Parce que c'est un peu creux que le travail de lumière n'est pas assez poussé, parce qu'on trouve d'autres éléments qui n'entrent pas dans cette grammaire, comme le long plan séquence lors du home invasion à la fin. On trouve tout de même de bonnes idées mais je trouve le tout un peu mou, un peu lourdingue. Les acteurs et actrices sont bons, tout le monde semble se plaire dans ce film. La musique m'a laissé indifférent, le travail sonore aussi.
Bref, pas terrible ce film.