Dernier véritable film de Guitry, le film avait tout pour être une réjouissante comédie caustique émaillée des bons mots de son auteur propres à faire passer au mieux les longs après-midi épuisants de chaleur... Il révèle en fait au grand jour tous les défauts les plus criants de son auteur.
Scénario en papier mâché retenu par de grosses ficelles effilochées, digressions en tous genres parfaitement superfétatoires (Darry Cowl, non, franchement, ça va deux minutes, mais dix minutes de vide, ça vous casse un rythme...) et dialogues trop écrits à la théâtralité pesante...
Bien entendu, dans ses films précédents, la verbe jubilatoire de son auteur-réalisateur-acteur emporte en général le morceau dans un grand élan de générosité hilare.
Hélas, ici, le pauvre a 72 ans et en fait probablement dix de plus, il a un pied et le début du second dans la tombe et doit laisser place à la nouvelle génération pour interpréter ses éternelles facéties.
Et c'est là que la bât blesse.
Michel Serrault et Jean Poiret auront l'occasion de se refaire dans un autre registre mais en attendant, le cinéma de Guitry se prête très mal au jeu d'acteurs de cabaret, surtout si c'est le moins talentueux des deux qui se taille la part du lion. Une interprétation plus que limite qui fiche presque par terre, heureusement sauvé de justesse par des petits bots d'histoire absolument délicieux.
Si on rajoute à cela une Magali Noël désirable comme un pan de marbre rance et une Pauline Carton sacrifiée injustement, vous comprendrez que rien ne vient réveiller un espoir que de jolies notes ici et là avaient rendu gaillard.
Alors, finalement, ça se regarde gentiment, ça n'ennuie pas trop, d'ailleurs, c'est assez court, même si les longueurs vous feront croire le contraire, mais ça rappelle surtout que le cinéma est un art collectif qui a besoin de tous ses participants, et qu'un premier rôle médiocrement joué aura beaucoup de mal à se faire oublier par ailleurs.