Assaut
7.5
Assaut

Film de John Carpenter (1976)

Vu adolescent, je n'avais pas spécialement accroché. Comme quoi, il y a vraiment des films qu'il faut voir à âge l'adapté pour en prendre toute la dimension. « Assaut », c'est exactement ça, et même si je ne l'ai pas vu dans la plus belle salle quoi soit (euphémisme), le redécouvrir au cinéma trentenaire m'a foutu une sacrée claque. Qui, aujourd'hui, pourrait signer une œuvre aussi frontale, fluide, dépouillée de tout élément superflu ? Personne.


Alors qu'il n'en est qu'à ses débuts, John Carpenter fait pourtant preuve d'une maîtrise absolue, sur des bases que tout le monde semble avoir un peu oublié : une mise en place expliquant parfaitement le contexte, un décor unique où tout le monde est soit à la place qu'il devrait, soit à de « bonnes » raisons d'y être. L'élément déclencheur est montré avec tout autant de simplicité, mais où la mise en scène fait toute la différence, pleine de tension, d'attente jusqu'à sa conclusion, d'une stupéfiante brutalité


(putain, on tue froidement une petite fille !!!)


et qui va, (in)directement, déclencher le fameux assaut.


À partir de là, un bon vieil affrontement « Bien - Mal », sauf que le « Bien » est en partie composé de prisonniers en cours de transfert et que le « Mal » est une entité insaisissable, semblant se multiplier et sans véritable visage, même les présumés « leaders » finissant par se fondre dans la masse, composé de blancs, de noirs, de latinos... Et c'est ainsi qu'en ne revendiquant pas de dimension politique, « Assaut » le devient.


Passons la légère obsession que semble avoir Carpenter pour les dictatures d'Amérique du Sud : en montrant que le danger, la violence peuvent venir de partout tout en faisant d'un policier noir éminemment positif son personnage principal, le futur réalisateur de « The Thing » en dit plus en 90 minutes que certains titres ou discours ouvertement militants pendant des heures.


Ce constat s'applique à l'identique pour les personnages : pas de grands discours ou de digression, mais des rôles parfaitement définis, où la belle Laurie Zimmer, savoureuse de placidité, se montre tout à fait au niveau de ses collègues masculins face au danger : c'est peut-être tout simplement ça, le féminisme ?


Il y a (quand même) un vrai coup de mou au deuxième tiers où l'intrigue patine un peu, mais c'est presque anecdotique tant ce « retour aux sources » sec, précis, imparable multiplie les tours de force, à l'image de ce final haletant. J'ai adoré. Et je l'écris : ce sont des titres comme celui-ci qui font honneur au septième art. Thank You, Big John.

Caine78
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de John Carpenter et Les Films UGC Culte

Créée

le 16 nov. 2017

Critique lue 199 fois

4 j'aime

1 commentaire

Caine78

Écrit par

Critique lue 199 fois

4
1

D'autres avis sur Assaut

Assaut
Sergent_Pepper
8

Requiem for a team.

Ecoutez plutôt : C’est un petit rythme sec, 6 coups narquois, méchants comme les 70’s en train de mourir. Un assénement teigneux, qui ponctue le ballet des voitures et le silence des gangsters...

le 1 oct. 2015

68 j'aime

4

Assaut
Gand-Alf
9

Alamo.

Grand fan de Howard Hawks devant l'éternel, John Carpenter, pour son premier vrai film professionnel ("Dark star" était un film de fin d'études), accouche d'une relecture contemporaine de "Rio...

le 23 janv. 2014

61 j'aime

Assaut
SanFelice
9

Les charmes d'Assaut

John Carpenter ne l'a jamais caché : c'est un réalisateur de westerns frustré. C'est absolument évident quand on regarde des films comme New York 1997 ou Vampires. Et c'est flagrant aussi dans...

le 20 mai 2014

59 j'aime

8

Du même critique

Enquête sur un scandale d'État
Caine78
2

Enquête sur un scandale cinématographique ?

Thierry de Peretti est un réalisateur doté d'une bonne réputation, notamment grâce à « Une vie violente », particulièrement apprécié à sa sortie. J'y allais donc plutôt confiant, d'autant que le...

le 20 août 2022

32 j'aime

8

Mourir peut attendre
Caine78
4

Attente meurtri(ère)

Cinq ans d'attente, avant que la crise sanitaire prolonge d'une nouvelle année et demie la sortie de ce 25ème opus, accentuant une attente déjà immense due, bien sûr, à la dernière de Daniel Craig...

le 7 nov. 2021

29 j'aime

31

L'Origine du monde
Caine78
3

L'Origine du malaise

Je le sentais bien, pourtant. Même si je n'avais pas aimé « Momo », adapté du même Sébastien Thiéry, cela avait l'air à la fois provocateur et percutant, graveleux et incisif, original et décalé,...

le 25 sept. 2021

25 j'aime