Requiem for a team.
Ecoutez plutôt : C’est un petit rythme sec, 6 coups narquois, méchants comme les 70’s en train de mourir. Un assénement teigneux, qui ponctue le ballet des voitures et le silence des gangsters...
le 1 oct. 2015
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4
Vu adolescent, je n'avais pas spécialement accroché. Comme quoi, il y a vraiment des films qu'il faut voir à âge l'adapté pour en prendre toute la dimension. « Assaut », c'est exactement ça, et même si je ne l'ai pas vu dans la plus belle salle quoi soit (euphémisme), le redécouvrir au cinéma trentenaire m'a foutu une sacrée claque. Qui, aujourd'hui, pourrait signer une œuvre aussi frontale, fluide, dépouillée de tout élément superflu ? Personne.
Alors qu'il n'en est qu'à ses débuts, John Carpenter fait pourtant preuve d'une maîtrise absolue, sur des bases que tout le monde semble avoir un peu oublié : une mise en place expliquant parfaitement le contexte, un décor unique où tout le monde est soit à la place qu'il devrait, soit à de « bonnes » raisons d'y être. L'élément déclencheur est montré avec tout autant de simplicité, mais où la mise en scène fait toute la différence, pleine de tension, d'attente jusqu'à sa conclusion, d'une stupéfiante brutalité
(putain, on tue froidement une petite fille !!!)
et qui va, (in)directement, déclencher le fameux assaut.
À partir de là, un bon vieil affrontement « Bien - Mal », sauf que le « Bien » est en partie composé de prisonniers en cours de transfert et que le « Mal » est une entité insaisissable, semblant se multiplier et sans véritable visage, même les présumés « leaders » finissant par se fondre dans la masse, composé de blancs, de noirs, de latinos... Et c'est ainsi qu'en ne revendiquant pas de dimension politique, « Assaut » le devient.
Passons la légère obsession que semble avoir Carpenter pour les dictatures d'Amérique du Sud : en montrant que le danger, la violence peuvent venir de partout tout en faisant d'un policier noir éminemment positif son personnage principal, le futur réalisateur de « The Thing » en dit plus en 90 minutes que certains titres ou discours ouvertement militants pendant des heures.
Ce constat s'applique à l'identique pour les personnages : pas de grands discours ou de digression, mais des rôles parfaitement définis, où la belle Laurie Zimmer, savoureuse de placidité, se montre tout à fait au niveau de ses collègues masculins face au danger : c'est peut-être tout simplement ça, le féminisme ?
Il y a (quand même) un vrai coup de mou au deuxième tiers où l'intrigue patine un peu, mais c'est presque anecdotique tant ce « retour aux sources » sec, précis, imparable multiplie les tours de force, à l'image de ce final haletant. J'ai adoré. Et je l'écris : ce sont des titres comme celui-ci qui font honneur au septième art. Thank You, Big John.
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Créée
le 16 nov. 2017
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