Jules César,dont les troupes occupent l'Egypte,met au défi la reine locale Cléopâtre de lui faire construire un palais en trois mois.Pour ce faire,la souveraine engage Numerobis,un architecte notoirement incapable qui,paniqué,fait appel à son vieil ami le druide gaulois Panoramix qui se pointe flanqué des inévitables Astérix et Obélix."Astérix et Cléopâtre",publié en 65,est le sixième album mettant en scène les héros de René Goscinny et Albert Uderzo,et cette adaptation est la deuxième portant au cinéma les aventures du petit gaulois,"Astérix le gaulois" étant sorti l'année précédente.Curieusement "Astérix et Obélix:Mission Cléopâtre" d'Alain Chabat,la meilleure version live d'un Astérix ,sera en 2002 le second film non-animé de la série.Ici,c'est Goscinny et Uderzo qui sont crédités en tant que réalisateurs mais il s'agit surtout de l'oeuvre des équipes d'animation des studios belges Belvision dirigées par Eddie Lateste,également coscénariste avec Pierre Tchernia,qui a aussi travaillé sur certains Tintin.Et c'est produit par Dargaud Films,la filiale ciné de l'éditeur Dargaud qui publiait les albums d'Astérix.On voit un net progrès par rapport à "Astérix le gaulois" au niveau de la qualité de l'animation ou du rendu des couleurs mais on est encore dans la préhistoire du dessin animé français et la fluidité des mouvements reste assez sommaire tandis que les arrière-plans,bien que très beaux,ne sont clairement que des dessins.Pour ce qui est de la narration,ça manque de liant et les scènes ont du mal à s'enchaîner harmonieusement alors que des éléments qui passaient facilement dans la BD peinent à convaincre à l'écran.Ainsi,on ne sait pas comment Panoramix et Numerobis peuvent se connaître,l'Egypte et la Bretagne ne figurant pas tout-à-fait sur le même méridien.On ne comprend pas non plus pourquoi Cléopâtre choisit cet architecte dont la nullité est présentée de manière plus qu'excessive.Par ailleurs Numerobis est un personnage geignard dont les jérémiades se révèlent plus qu'agaçantes.Autre problème,des gags qui parfois se prolongent et se répètent au point d'en diminuer le potentiel comique et des chansons neuneus qui viennent casser le rythme,comme si on avait voulu faire du remplissage afin d'atteindre un métrage que la longueur de la BD ne permettait pas.Heureusement l'adaptation est dans l'ensemble fidèle à l'album,développant une histoire sympathique et amusante émaillée du joli trait d'Uderzo et des saillies souvent irrésistibles de Goscinny,au son de la joyeuse et emblématique musique de Gérard Calvi,le père d'Yves,le tout malmenant l'Histoire mais en s'appuyant sur des éléments véridiques.Le doublage a été confié à une belle équipe de professionnels emmenée par Roger Carel en Astérix.C'est Jacques Morel,qui deviendra célèbre dans les années 80 en tenant le rôle-titre de la série télé "Julien Fontanes,magistrat" qui fait parler Obélix.Il y a aussi les excellents Bernard Lavalette,qui est Amonbofis,l'ignoble rival de Numerobis,et Jacques Balutin qui fait Tournevis,son âme damnée.En revanche Micheline Dax,à la voix trop forte et trop rauque,n'est pas une bonne option pour incarner une Cléopâtre dont elle amoindrit la féminité.Il est à noter que Pierre Tornade incarnera Obélix à partir d' "Astérix et la surprise de César" en 85 mais qu'il était déjà présent dans ces premières adaptations dans lesquelles il faisait vivre d'autres protagonistes,comme ici Numerobis,avec lequel il n'est manifestement pas très à l'aise question tessiture,et Abraracourcix.