Avant toute chose, il faut savoir que j’entretiens une relation toute particulière avec ce dessin animé. Lorsqu’on m’a offert ma première cassette vidéo vierge, c’est le premier film que j’ai enregistré dessus. Forcément, à l’époque, il a tourné en boucle presque jusqu’à l’écœurement comme lorsqu’on ne possède qu’un seul programme. En me replongeant dedans plusieurs décennies plus tard, je me rends compte que je le connais encore quasiment par cœur. Les visages, les voix, les situations, les répliques, les chansons sont presque tous restés intacts dans ma mémoire. Réalisé deux ans après Astérix le Gaulois qui portait les mêmes défauts que la bande dessinée éponyme, cet Astérix et Cléopâtre semble avoir été conçu une décennie plus tard. Bien sûr, son animation est vieillotte pour nos yeux du XXIe siècle mais les dessins sont remarquables et les progrès évidents par rapport au premier opus.
Au niveau du contenu, même si les chansons sont peut-être un peu trop nombreuses (mais en revanche toutes excellentes), les trouvailles sont multiples, les gags conséquents et le rythme parfaitement soutenu contrairement aux autres premières réalisations du studio Belvision. Tant et si bien que cette courte aventure (1h08) s’avale en un temps record et se révèle totalement entraînante. Des idées évoquent le burlesque des cartoons américains, d’autres le traitement de certains personnages entrevus chez Walt Disney dans une bonne humeur qui ne trahit jamais l’esprit gaulois avec ses bons mots et son humour à plusieurs niveaux de lecture.
Bien mené avec des passages franchement drôles et des personnages hauts en couleurs, des doublages aux petits oignons et des chansons tout à fait réjouissantes, le résultat aboutit à un classique de l’animation française. Fidèle à l’album, portant la caution du duo Goscinny – Uderzo, l’univers du petit Gaulois trouve enfin avec ce film son pendant sur grand écran. Autrement dit, nous voilà ici face à un divertissement d’excellente facture qui peut ravir (même près de soixante ans après sa sortie) les enfants de 7 à 77 ans comme le disait si bien le slogan du journal Tintin. Mieux que ça, il permet de retrouver ses sept ans !