J’avoue, il m’arrive de jouer, par moments, les vieux schnocks. Ainsi, le film d’animation 3D, c’est pas franchement mon truc, je lui préfère cent fois le dessin animé à l’ancienne. Dans une posture volontairement réac, j’ai donc mis longtemps avant de m’approcher de cet Astérix nouvelle génération. À tort, je l’avoue, car le résultat est vraiment à la hauteur de l’ambition d’Alexandre Astier et de Louis Clichy. D’un point de vue formel, d’abord, c’est effectivement très réussi et cette entreprise n’a absolument rien à envier aux productions américaines. Les décors sont splendides, l’animation énergique mais pas épileptique, et si les personnages ne sont pas exempts d’étrangetés (mais je n’arrive pas à me faire à ces représentations des poils, des cheveux ou des volumes humains dans ces animations), cela demeure très réussi. La musique, plus moderne, s’intègre parfaitement dans l’univers. Quant aux voix, elles sont plutôt bien choisies et on apprécie de retrouver une dernière fois Roger Carel qui assure la transition entre les vieux dessins animés et cette animation en 3D.
Sur le fond, j’ai toujours été plutôt fan de cette aventure qui voit nos amis gaulois frôler la catastrophe dans un schéma narratif qui multiplie les renversements de situations habituelles. Astérix, qui quitte souvent le village pour aller sauver la veuve et l’orphelin mais aussi l’honneur du village, se retrouve à un moment totalement seul dans le village déserté par ses amis qui ont cédé aux sirènes du capitalisme romain. De nombreux thèmes abordés sont pertinents et collent à l’actualité du début des années 70 mais aussi à celle de notre époque : la dérive des spéculations immobilière, les vacances et l’invasion par les citadins des espaces ruraux le temps d’un séjour, les débuts de la société des loisirs. Les questions syndicales, en filigrane avec les esclaves comme avec les légionnaires, sont le plus souvent désopilantes. La grande réussite d’Alexandre Astier et de Louis Clichy est d’être resté totalement fidèle à l’esprit de la BD tout en apportant de nouveaux éléments qui enrichissent le récit sans jamais le trahir.
Pour leur première aventure d’Astérix, on sent à la fois un grand respect de l’œuvre originelle et une volonté d’apporter quelques touches personnelles qui font sens. Les clins d’œil à d’autres œuvres sont ainsi légion, le goût du cartoon est développé (avec les sangliers notamment), les jeux de mots sont là, l’absurde aussi. S’il n’atteint pas les meilleurs dessins animés, voilà un film d’animation qui peut regarder droit dans les yeux ses homologues américains.