"Astierix" ou "Enfance revisitée"
Astérix et le domaine des dieux est un des tomes que je possédais depuis ma plus tendre enfance. Mais même indépendamment de ce côté nostalgique, il reste selon moi un des meilleurs tomes de la série. Du coup ça me faisais certes extrêmement plaisir de savoir qu'Astier était aux manettes, et à la fois d'autant plus peur qu'étant un fan de Kaamelott, je savais aussi qu'il était attendu au tournant, notamment pour pouvoir faire sa trilogie ciné.
Du coup j'ai vraiment espéré qu'il ne se loupe pas, et je n'ai pas été déçu. Il a su trouver le parfait mélange entre respect du matériau original, et transposition sur un autre format. Et si le Astérix et Cléopâtre animé de l'époque reste pour moi le meilleur, Le Domaine des Dieux sait s'approcher de cette "broderie à partir de la B.D. d'origine" parfaite.
Alors je suis sur que comme moi, tout le monde, pour peu qu'il connaisse bien l'oeuvre, aura son moment "zappé" ou "modifié" qui le chiffonnera un peu. Pour moi c'est le fait de ne pas finir sur le rejet du barde et donc la révolte des Gaulois. Néanmoins je comprends tout à fait la nécessité d'ajouter de la profondeur narrative.
Quand le personnage du "gagnant du concours de l'arène" est aussi étoffé avec sa famille pour intégrer pleinement le récit, c'est fait pour permettre la transposition en long métrage, et ça marche. Du coup, de même, quand la scène du barde insupportable est reléguée au rang de tentative manquée de faire partir les romains, ça marche aussi, parce que derrière, il te développe plus le pend de la "trahison" du village, et finit quand même par une révolte suite à "l'effondrement" d'un des leur, qui du coup est Asterix, ce qui renforce encore le truc.
Bref, j'ai trouvé que la plupart des changements étaient vraiment intelligemment pensés, et servaient à étoffer un récit tiré d'une B.D. de 40 pages. Mais je ne vais pas m'arrêter là, parce qu'il y a encore beaucoup à dire...
Je ne vais pas m'étendre énormément sur l'animation. Je dirais juste qu'elle est léchée, certes assez lisse mais permettant quand même nombre de subtilités, et que la plupart des gags visuels sont bons et pas trop "débiles" (les gosses sont pas pris pour des cons, et ça fait plaisir). Mais je préfère passer rapidement sur ce point pour parler plus en avant de l'écriture, du casting et du doublage.
Au niveau de l'écriture, c'est facile à résumer, c'est du Goscinny sauce Astier douce. Je dis douce parce que je trouve que l'on sent une certaine retenue de la part du Monsieur vis-à-vis du fait de toucher à l'oeuvre de l'autre grand Monsieur. Même s'il ne peut s'empêcher de placer un magistral "c'est pas faux", on sent que ce qui prime, c'est le respect des dialogues originaux, ou du moins leur sens.
Et le casting... Ah... ce casting... C'est simple, non content de contenir quelques doubleurs originaux des premiers animés, dont Asteux (même si Roger Carel restera toujours pour moi le professeur dans "Il était une fois..."), et de fourmiller d'acteurs de la clique Astier que j'adore, il arrive même à me faire apprécier ceux qui me faisaient plus peur.
Qu'on se comprenne bien, j'aime bien Foresti, mais elle a tendance à moins bien choisir ce dans quoi elle joue et cela peut avoir tendance à me faire moins apprécier sa prestation. Pas ici. De même, en pire, Elie Semoun a tendance à me taper sur le système à faire du Elie Semoun quoi, et pourtant ici on sent qu'on l'a obligé à bosser si ce n'est un rôle qui semble écrit pour lui, au moins une voix quelque peu différente de sa voix classique.
Et j'en arrive au point principal de tout ça. On sent que chaque acteur a réellement du faire un effort pour masquer autant que faire ce peut sa voix "classique" pour rentrer pleinement dans le personnage. Bien sur on les reconnait, mais ils savent adapter parfaitement leur jeu et surtout leur ton à leur personnage.
Deutsch est parfait en architecte nerveux et carriériste (un architecte carriériste, fallait que je la fasse, désolé...), Chabat en sénateur vicelard, ou encore le mec qui joue le paysan Gaynot dans Kaamelott (feel free to correct me on the spelling). Mais même Astier lui-même s'utilise à contre-pied, se donnant le rôle du centurion qui doit gérer les demandes des esclaves et des légionnaires, obligé de céder à tout, et de demander SVP avant de lancer une attaque.
Bon, ça peut commencer à se voir à la longueur de la critique, j'ai vraiment apprécié ce film. Néanmoins, et seulement après visionnage, je me rend compte que j'en attendais encore plus. Je sais pas si c'est parce que c'est un des tomes qui me touchent à coeur, ou parce que je suis un sale fanboy d'Astier, mais je sais pas, il manque un tout petit je ne sais quoi, comme un zeste de potion magique dans une mixture au demeurant fort gouleyante ...