Collectionnant des œuvres aussi atypiques que délicieuses, Wes Anderson foule de nouveau le tapis rouge du Festival de Cannes avec une pièce de théâtre grandeur nature, entre fiction et réalité, bourrée d’hommages cinématographiques.
Bienvenue dans le monde imaginaire de Wes Anderson, où divers segments scénaristiques envahissent un artisanat d’une grande maîtrise. Souvent stylisé comme des contes, ses films tirent leur force de cet univers unique au réalisateur et à l’écriture toujours pointilleuse et pleine de caractère.
Comme toujours, Anderson s’entoure d’un casting d’une grande étoffe avec la particulière d’être ou de devenir au bout du compte une gigantesque troupe familiale. Acceptez de faire partie de cette escouade et vous aurez à jamais votre place dans l’immense maison de poupées du réalisateur.
Mais alors que vaut ce nouvel ovni que l’on nomme Asteroid City ?
Quelle intelligence, quelle maîtrise. Le film commence avec le conteur de cette nouvelle histoire puis avec la troupe de théâtre qui s’en suivra. Car oui, le nouveau dogme de Wes Anderson est une gigantesque pièce de théâtre vivante. Deux univers parallèles, l’un répétant, l’autre jouant. Dans le premier, un schéma en trois actes sous forme d’un making of en noir et blanc. Dans le second, les personnages se croisent dans une rencontre du troisième type aux abords d’une petite ville des années 50 aux tons délicieusement acidulés.
Après le décevant French Dispatch, Anderson revient au temps des merveilleux Grand Budapest Hotel ou The Life Aquatic dans cette profusion de sketchs plus drôles et émouvants les uns que les autres. Asteroid City s’empare d’une vibe fifties rafraîchissante aux allures de petites sitcoms et autres hommages au classique du cinéma. Mais avant tout, la nouvelle œuvre du réalisateur dandy rappelle une époque où les Etats-Unis s’effrayait à l’idée d’une nouvelle guerre nucléaire ou à l’invasion de petits hommes verts.
Dans toute cette sérieuse couverture, Wes Anderson parvient à glisser une certaine douceur, comme avec cette émouvante petite famille dont le deuil vient de frapper. Une thématique que l’on retrouve souvent d’ailleurs dans les films du cinéaste.
Aussi drôle qu’absurde, Asteroid City est aussi un merveilleux remède contre les questions existentielles au travers de personnages rocambolesques, parfois incapables d’exprimer leurs propres émotions mais qui y parviendront en se rencontrant, se découvrant et s’épaulant. Car après tout, c’est aussi ça, la magie des films du génie Anderson : s’émerveiller, comme avec une gourmandise surette et pleine de surprises et s’aimer envers et contre tout. En définitive, c’est un grand oui pour ce nouvel univers signé Wes Anderson.