Par essence, une fantaisie se caractérise par une certaine légèreté, nonobstant des enjeux qui peuvent ne pas être aussi futiles que cela. Prenez Brigadoon, par exemple, de Vincente Minnelli, un enchantement pour les yeux et l'âme, avec une belle histoire en sus. Dans Asteroid City, et sa mise en abyme pesante et didactique, la fantaisie en place entend évoquer la pandémie, le deuil et même des existences extraterrestres, en utilisant un environnement absurde et des dialogues abscons. Déjà vu chez Wes Anderson, ce petit théâtre de marionnettes humaines, englouties par l'univers propre au cinéaste, s'incarne dans un défilé de stars qui n'ont quasiment rien à jouer. Du cratère à la lune, Asteroid City se regarde comme un énième exercice de style de son auteur, enfermé dans un film concept qui ne suscite hélas ni rêves, ni sourires, ni aucune émotion. Un joli objet pastel qui pourrait passer en boucle dans une galerie d'art moderne, pourquoi pas, et qui ne saurait susciter l'admiration, sous le fallacieux prétexte qu'on y navigue dans des eaux très différentes du commun du flot du cinéma d'aujourd'hui. Ceci étant, Anderson creuse toujours son sillon, sans se préoccuper des modes ou des critiques. C'est à cela que l'on reconnait un auteur, sans doute, mais s'il lui prenait l'envie de nous surprendre à nouveau, en prenant des risques au passage, qu'il ne se gêne surtout pas !