Le réalisateur Kim Sung-su, («Pandémie») rend hommage aux grands succès sanglants et sans concession du genre. Il s'entoure de Jeong Woo seong ("Le bon la brute et le cinglé") avec qui il a tourné "La princesse du désert", Hwang Jeong‑min (« New World »,) Kwak Do-won (« The strangers » également avec Hwang Jeong‑min) et Man‑shik Jeong ("The tiger an old hunter's").
Han, un policier corrompu (Jeong Woo‑seong), à la solde du Maire, Park Sung-Bae (Hwang Jeong‑min), devra lors d'un incident impliquant un policier, devenir l'espion du procureur, afin d'éviter la prison et coinçer le Maire, aux appuis mafieux.
Déjà sous une enquête de sa hiérarchie, souhaitant démissionner pour rejoindre le « clan » du Maire, il se retrouvera confronté à ses choix. De là le personnage est plutôt intéressant, ne sachant quelle décision prendre il oscille de l'un à l'autre sans véritablement prendre partie et assure une bonne crédibilité. Cet homme dépassé par les événements, en conflit avec son ami (excellent Joo Ji Hoon), qu'il entraînera avec lui et qui se révélera bien plus fort à ce jeu de dupes, sera pris dans les filets de ses propres comportements. Sous l'autorité des services du procureur (Kwak Do-won). et sous le joug de la cruauté du Maire, aucun répit pour cet homme.
L'intrigue joue de ses "effets boule de neige" où chacun lutte contre l'adversité et où chaque action est plus dramatique que la précédente. Un film sombre et pessimiste, voire malsain, où la frontière entre le bien et le mal ne nous offre pas de héros particulier, même si évidemment, on penche aisément pour Han, les autres étant particulièrement odieux.
Depuis quelques temps, certains thrillers se faisaient plus légers même si la police et la corruption sont toujours au centre des intrigues. "Asura" rappelle les grands moments du genre. Certaines scènes sans ménagement, et excessives pour le film « Old Boy ».
Une course poursuite de deux véhicules rappelle la virtuosité de la scène de combat dans la voiture de "j'ai rencontré le diable".
La scène finale qui ne déroge pas à la règle de combats à morts, de batailles interminables et de lieux choisis, pour ces combats rapprochés en milieu restreint : "New World », "Assassination" et "A betterssweet life", avec la même maîtrise d'action, d'hémoglobine, de fuite en avant et de rebondissements.
Le rythme est là et maîtrisé surtout en seconde partie, où l'action se met en place. Des changements multiples de plans apportent un rythme infernal et la tension est bien présente. Les combats sont dynamiques. Servis par une belle photographie aux teintes sombres, qui renforce l'ambiance dramatique, et un choix musical qui opèrent des changements de rythme parfois "enjoués", qui accompagne parfaitement l'excès.
Pour ceux qui aiment le genre, aucun doute que cela va les électriser. Toutefois un léger bémol sur l'intrigue alambiquée, qui sert son propos excessif et la caractérisation des personnages secondaires. On s'y perds un peu, faute à une traduction approximative. C'est grossier à la limite de l'overdose.
Mais finalement quand on connaît le genre, on retrouve la corruption via des projets de réaménagements économiques, des conflits d'intérêts de politiciens, l'abus de pouvoir des autorités, menaces et trahisons.
Le réalisateur s'imagine une ville où tous sont corrompus, où tous peuvent dépasser les bornes et où tous sont déjà perdants. Ce cinéma n'en finit pas de pointer les travers du système coréen.
Jeong Woo seong est parfait pour cet homme torturé, ses regards passant de la violence, à l'acceptation nous assure un suspense qui tient sa route. Hwang Jeong‑min qui encore une fois prouve sa capacité à se glisser dans ses personnages avec ce même sourire dangereux, servant à merveille son rôle d'homme politique cruel.
C'est violent, on adhère ou pas. En tout cas, Kim Sung-su opte pour le divertissement.
A prendre au premier degré pour un moment de pure délire.