Atlantide, l'empire perdu
6.6
Atlantide, l'empire perdu

Long-métrage d'animation de Gary Trousdale et Kirk Wise (2001)

Quelques années après l'inégal diptyque autour de l'acceptation de l'autre et de sa différence, composé de Beauty & The Beast et de The Hunchback of Notre-Dame, le duo Gary Trousdale et Kirk Wise se retrouve aux manettes d'un nouveau long-métrage pour les studios Disney, et change profondément de registre : finis les contes de fées et les oppositions trop évidemment manichéennes, finies les douces chansons niaises et l'insouciance légère. Atlantis, The Lost Empire s'attache à inculquer à son jeune public 


la curiosité et le respect du passé



au cours d'une aventure aux élans steampunk. Loin des classiques aux princesses souvent naïves, c'est ici l'esprit d'initiative et l'écoute de l'autre qui sont mis en lumière avec une forme de simplicité qui délie un peu trop le scénario mais qui, pour autant, ne dévie jamais du propos central.



 Nos enfants se souviennent de nous par l'héritage que nous leur
léguons. 



Adepte de quelques principes enseignés par le rastafarisme – oui, je sais, ça n'a a priori rien à voir – je suis conscient de l'importance de connaître ses racines pour mieux se projeter. Atlantis, The Lost Empire ne dit rien d'autre : la curiosité culturelle y est célébrée à travers la passion inaltérable du personnage principal, Milo, linguiste de musée lancé dans l'aventure de la découverte de la mythique cité de l'Atlantide. L'expédition est alors prétexte au film d'aventure et à ses multiples rebondissements tandis que l'équipage compose un panel de caractères qui doit séduire autant de jeunes enfants que possible, où


la différence fait la richesse du groupe, loin de l'uniformité.



Une fois sur place, confrontés aux atlantes, les enjeux se dévoilent pour scinder la troupe : l'humain d'un côté, la cupidité de l'autre – et c'est là un des points forts du métrage que de laisser se démasquer celles et ceux qui prétendaient adhérer à la curiosité scientifique de Milo pour mieux s'approprier quelques richesses archéologiques. Entre ces deux factions, les atlantes recherchent de l'aide pour survivre en tâchant plutôt d'en apprendre sur leur propre passé que sur le monde extérieur. Tout tourne autour de cette connaissance, de



la compréhension de soi à travers ses origines afin de savoir trouver les voies de l'émancipation,



voire de la survie. Un message éminemment pertinent, essentiel à l'éducation de chacun. Rien que pour cela, le film me séduit.
Malgré les faiblesses du scénario, souvent condensé.
Mise en place rapide, début d'expédition expéditif, résolution expresse, romance envoyée en deux clins d'yeux, l'équilibre narratif est fragile et l'efficacité du rythme repose plus sur l'humour construit dans la relation des différents personnages que dans les complexités d'un scénario haché menu. Il y a aussi les références qui font la richesse séduisante de l'objet : l'idée d'explorer le mythe de l'Atlantide en premier lieu, de présenter cette importante légende de l'histoire méditerranéenne aux enfants, l'imagerie steampunk ensuite, l'évidence du Nautilus de Jules Verne dans les influences du sous-marin, l'aventure archéologique en écho aux aventures du célèbre Indiana Jones et cette blonde machiavélique qui n'est pas sans rappeler une certaine dignitaire nazie, ou encore la part de magie enfermée dans les pulsations d'un cristal qui symbolise la lumière en chacun de nous.
Il y a enfin le dessin et l'animation. Quelques années après les premières tentatives d'intégration de personnages celluloïds sur décors numériques, l'ensemble devient enfin plus équilibré, sans accroc. L'animation de Milo et de Kida lors de la séquence de nage archéologique est d'ailleurs d'une grande beauté, le naturel efficace et fluide. Puis la diversité des personnages, visible : rondeurs de certains, insouciants et secondaires, contre visages anguleux des autres, de ceux qui agissent et qui pensent. L'ensemble séduit de par



cet équilibre riche de diversité,



de caractères et de couleurs. Visuellement, Atlantis, The Lost Empire, sur la fin des productions celluloïd des studios Disney, est une belle réussite.


Enfants séduits par l'humour autant que l'aventure, père comblé par le message proposé, malgré ses défauts accrochés à la simplification de l'aventure, Atlantis, The Lost Empire est 


un classique des studios Disney un peu hors lignée



mais qui garde l'efficacité séduisante du divertissement familial avec la caution d'un propos intelligent et clair : où il est essentiel d'assurer l'avenir en comprenant les secrets du passé. Ainsi les auteurs du métrage nous invite à revisiter nos enfances autant qu'à encourager le respect culturel et critique à nos bambins, et de leur apprendre à se méfier des pillages cupides qui, loin de nous enrichir, déculturalisent nos origines et nos histoires, et gomment les richesses de nos diversités.

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le 29 août 2018

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