Les similitudes entre Treasure Planet et Atlantis ne tiennent pas seulement de mes visionnages tardifs : en effet, tous deux marquaient en ce début de XXIe siècle un virage plus aventureux (avec un grand A) pour Disney, marquant du sceau de l’exploration ses revisites de l’œuvre de Jules Vernes et les écrits de Platon.
Mieux accueillie que ne le sera l’Île au trésor à la sauce spatiale, la quête de l’empire perdu de l’Atlantide est toutefois moins aboutie à mon sens : car sitôt que nous passons outre son envergure et ses prétentions matures, toutes dénotant à l’échelle des classiques d’animation du studio aux grandes oreilles, elle n’est finalement pas si différente de ce que le cinéma traditionnel pouvait déjà proposer… et continue depuis de nous régurgiter avec paresse.
À titre d’illustration, la formation du groupe d’aventuriers triés sur le volet en dit long sur le classicisme d’Atlantis : si l’emploi d’archétypes peut tout à fait se justifier, les spécificités et extravagances de cette galerie haute en couleur n’apportent pas grand-chose de frais au genre. À rebours de ce que proposera Avatar, les manigances de Lyle Tiberius Rourke renvoient aussi au cliché de la faction militaire/armée prête à tout pour parvenir à ses fins : dommage donc que le film se trouve réduit à pareil antagonisme, qui s’il arrondit de son mieux les meubles notamment par l’entremise de Helga (sympathique dissension finale) est des plus prévisibles.
Sans trop de surprise, Atlantis a également tôt fait de succomber aux sirènes du manichéisme commode, les bons sentiments finissant invariablement par l’emporter tandis que les Audrey, Vincenzo et cie. se rangeront du côté d’un Milo n’en demandant pas tant. Ce dernier, d’ailleurs sympathique n’est franchement pas la plus inoubliable des têtes d’affiche made-in-Disney, le film ne capitalisant pas vraiment sur ses prémices, rêves et principes : plutôt enclin à favoriser la maladresse du personnage, puis sa relation peu subtile avec Kida.
Au bout du compte, Atlantis se fourvoie quelque peu en faisant des pieds et des mains pour justifier son dernier acte mouvementé, au risque de tirer sur la corde de l’animation en images de synthèse (faisant montre de franches limites) et de rebondissements/rouages mystiques… aux résolutions on ne peut plus commodes.
Mais, dans le même temps, un paradoxe émerge : sous l’égide d’un certain sens de l’épique et du poids de l’Histoire, le film tisse une atmosphère propice au frisson : un comble au regard des armes majoritairement convenues dont se pare Atlantis, mais soit. Preuve en est qu’il convient de lui concéder un sursaut d’âme salvateur, érigeant par voie de fait le film de Gary Trousdale et Kirk Wise (La Belle et la Bête, Le Bossu de Notre-Dame) d’une courte tête au-dessus de la mêlée de l’aventure au rabais. Pas plus.