Nimbé d'une ensorcelante bande-son serpentant autour d'un récit réaliste-magique qui intrigue, fascine avant de surprendre, Atlantique envoûte le spectateur, devenant lui-même forme vaporeuse, brume, embruns, spectre hantant les chaudes et moites nuits africaines.
Mati Diop entre grâce à ce premier long-métrage avec fracas dans le monde du cinéma, elle dont la famille l'y avait initiée. Intelligente dans la construction syntaxique de son film, dans le soin de l'effet d'annonce surtout (l'insistance apparemment anecdotique sur l'océan, ou sur les yeux d 'une peluche), dans le choix des leitmotivs, elle met par ailleurs magistralement à profit son expérience antérieure dans le monde de la musique et du vidéo clip. Comment ne pas trembler de peur et en même temps frémir de plaisir en voyant le désir de vengeance s'accomplir quand surgissent ces personnages inattendus, tout droit sortis d'un vieux rêve ancestral mêlé à une réminiscence de MTV époque Thriller?
Un film à la fois intelligent dans son discours sous ses fausses apparences de nonchalance et poétiquement fort. Remarquable.