De toutes les adaptations pré-James Cameron, c'est celle qui fut sans nul doute la plus fidèle à ce que fut la tragédie du Titanic, pour la bonne raison que des dizaines de survivants ont participé à l'élaboration de ce film.
D'une durée de deux heures, le film commence très rapidement par la fameuse journée maudite, et il est à noter que l'accident arrive lui aussi assez tôt dans l'histoire.
En comparaison aux films de Negulesco et de Cameron, pas d'histoire d'amour, on ne se concentre que sur l'accident. C'est d'ailleurs un point qu'on peut lui reprocher ; la multitude de personnages à l'écran fait qu'on n'a pas vraiment quelqu'un à qui s'intéresser. D'une certaine façon, c'est anti-Hollywoodien (le film est produit par l'Angleterre), et plus réaliste par les situations. La musique est elle aussi absente du film, excepté les musiques jouées par l'orchestre.
Il est amusant de noter les parallèles entre ce film-ci et la version de James Cameron, cinématographiquement parlant ; ainsi, la scène où l'on voit pour la dernière fois le concepteur du bateau, debout devant une cheminée avec un tableau au-dessus est identique à 40 années d'écart.
Le film étant réalisé en 1958, on ne savait pas encore tout sur les circonstances du naufrage ; ici, le bateau coule à pic, alors qu'il a été clairement établi, à partir de son épave, qu'il s'est brisé en deux. C'est la seule entorse historique qui a été faite, et celle, minimisée, de Joseph Bruce Ismay, accusé d'être le principal responsable de la catastrophe.
Il y a juste une forme de polémique sur la présence d'un cargo assez proche du Titanic, le California, qui n'a pas su réagir à temps, et qui croyait que les fusées de détresse servaient ... pour faire la fête !
Donc, pour ceux qui auront vu le film de Cameron, vous ne serez surpris des très nombreuses similitudes entre les deux. Mais j'avoue avoir un gros faible pour cette version, car il ne verse pas tellement dans le pathos, et montre au fond une réalité qui fut plus cruelle, comme celle montrant un petit enfant sur le point de mourir, englouti par ce qu'il reste du Titanic.
La réalisation est de ce fait assez impressionnante, et de gros moyens, notamment l'utilisation de maquettes pour suggérer la taille imposante du bateau, et l'emploi de nombreux cascadeurs, qui n'hésitent pas à tomber à l'eau, certains de très haut.
Les acteurs, issus soit de la télé ou du théâtre anglais, sont tous formidables, faisant fi d'héroïsme et agissant de manière assez crédible.
Il est amusant de noter que toutes les adaptations cinématographiques de cette catastrophe sont réussies (y compris la version allemande, qui déformait énormément la réalité), et si j'adore la version de James Cameron, celle-ci n'a pas à rougir, car elle apporte une caution plus officielle que fut cette catastrophe qui faisait rentrer le monde dans le XXe siècle.