[Edit : Prix du meilleur film, section Orizzonti, Mostra de Venise]
Des films ukrainiens au cinéma, c'est pas la majorité. Le cinéma de ce pays parvient rarement sur nos écrans. Alors lorsque c'est au programme d'un festival tel que la Mostra de Venise (en sélection Orizzonti), j'y fonce !
Atlantis est le 6e film du réalisateur Valentyn Vasyanovych, après notamment Crépuscule en 2014 et Black Level en 2017 (filmo SC du réalisateur très incomplète...).
Dans un futur proche, en 2025, juste après la guerre qui a lieu dans l'Est de l'Ukraine en ce moment (conflit avec la Russie), un ex-soldat erre dans un paysage désolé, et finit par rencontrer une jeune archéologue, devenue bénévole travaillant à la morgue, pour identifier, répertorier et classer tous les morts que l'on retrouve sur les champs de bataille.
Tandis que l'ex militaire devient chauffeur de camions pour une ONG, ils tombent progressivement tous deux amoureux, jusqu'à une belle scène presque-finale de sexe dans un camion tombé malencontreusement en panne : un magnifique traveling avant vers la vitre du camion laisse entrevoir sous la pluie un baiser, puis la caméra franchit la vitre et l'on retrouve les deux protagonistes à l'arrière, attendant la dépanneuse dans le plus simple apparat, sous une lumière magnifique.
Le film est trèèès lent, mais également très esthétique.
Le cœur de l'intrigue (la rencontre entre le militaire et la jeune fille) ne commence vraiment qu'au bout de 50 minutes, soit la moitié du film.
La première partie est en quelque sorte une très longue de mise en place du contexte, autant géopolitique que psychologique sur le personnage principal. L'ami du militaire, souffrant lui aussi d'un choc post trauma, s'y suicide, et l'on découvre avec une certaine sidération les ravages de la guerre. Ravages qui mettront des dizaines d'année à disparaître complètement (séquence de déminage des plaines, et surtout les considérations sur la dépollution des sols et des eaux).
La séquence d'ouverture glace le sang. Celle de l'enterrement vivant d'un homme en caméra thermique, qui fait échos au plan de fin, ou le nouveau couple s'embrasse dans le noir, toujours en caméra thermique (un peu à la manière de Ni le ciel ni la terre, de Cogitore). Deux très beaux moments de cinéma.
La vision de ces terres désolées rend le film quasi post-apocalyptique. Mais de la à le comparer -comme le fait Europa Cinémas dans la critique sur son site - avec Mad Max, calmons-nous.
L'enjeu écologique vient ici progressivement replacer celui de la guerre et des carnages.
Voilà sans doute un des films ukrainiens qui marquera la décennie, car malgré la grisaille et l'ambiance glauque du film, il y a de l'amour et il y a de l'espoir.