Volcano devils!
I have seen so much (sic) eruptions in 23 years that… heu… even if I die tomorrow, I don’t care. (Maurice Krafft, trop près du mont Unzen au Japon, en juin 1991, peu de temps avant une coulée...
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le 13 oct. 2022
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Voilà un documentaire valable réalisé à partir des images tournées par le couple de vulcanologues Katia et Maurice Krafft. Werner Herzog ne nous épargne pas sa voix-off redondante et volontiers morale, mais qui au moins n'a rien de convenable, contrairement à celle de Sara Dosa, l'autre documentariste s'étant emparée des mêmes images pour composer un film mièvre nommé Fire of Love. Le film de Sara Dosa est sorti en salles, elle n'a pourtant pas fait Fitzcarraldo à ce que je sache, et celui de Herzog s'est contenté de la télé.
C'est intéressant de voir deux cinéastes disposer des mêmes images et de la même histoire et de les donner à voir si différemment. Sara Dosa fait du feel-good, Herzog, du too-much. Je préférerais toujours le too-much. Au moins les intentions sont claires, on sait à quoi on a affaire - et à qui. C'est assez émouvant de voir le documentaire d'Herzog s'attarder sur les images de la voiture tombée dans un ravin, hissée patiemment à l'aide d'une corde au milieu de la forêt. Comment ne pas penser au bateau de Fitzcarraldo ? Comment ne pas penser aussi à l'homme de La Soufrière, déterminé à rester chez lui alors que le volcan voisin est prêt à rentrer en éruption d'un instant à l'autre, quand on voit les Krafft quitter tranquillement une île qui quelques minutes plus tard sera entièrement pulvérisée par le volcan qui l'a créée ?
Cette manière de toujours se tenir au bord du gouffre (magnifique séquence où Maurice Krafft longe une route à moitié effondrée), de se risquer sans cesse, de s'embourber, de se passionner à la fois pour le cosmos et pour l'homme, de ne jamais séparer l'un et l'autre (et rencontrer l'un dans l'autre), c'est précisément ce qu'a expérimenté Herzog dans sa vie de cinéaste. Il se reconnaît dans ce couple, on retrouve ses films dans leurs images à présent qu'il vieillit. Avec cette seule différence : Herzog n'a presque jamais parlé d'amour. A-t-il vécu cette existence inouïe dans la solitude ? En parcourant les scènes tournées par les Krafft, difficile de ne pas penser que leur aventure n'a été possible que parce qu'ils étaient deux à désirer la vivre.
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le 30 déc. 2022
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