Au-delà de nos rêves par RemyD
Robin Williams perdu dans le paradis le plus kitsch jamais imaginé. Malgré une plastique irréprochable, Vincent Ward rate totalement son discours.
Que nous arrive-t-il lorsque nous nous défaisons de notre enveloppe charnelle. On pourrait dire que chacun a sa propre interprétation. Voici celle de messieurs Ward, Williams, Bass (scénariste) et Matheson (auteur du roman dont est tiré le film). Chris Nielsen (Robin Williams) vit heureux avec sa femme Annie (Annabella Sciorra) et leurs deux enfants. Mais ceux-ci meurent dans un accident de voiture. Dès lors, Chris et Annie vivent dans deux mondes différents. A son tour, Chris quitte brutalement la planète dans une collision routière. Il monte directement au paradis. Un paradis qui ressemble à un mixe entre les tableaux des romantiques allemands comme Caspar David Friedrich et les oeuvres exorcisantes de son épouse. En marchant péniblement dans de la peinture fraîche, il fait la rencontre d'Albert (Cuba Gooding Jr. dont on se demande toujours pour quelle raison il a obtenu un Oscar dans le très médiocre et tendancieux Jerry McGuire) qui lui sert de guide.
Dans sa vision du paradis, le réalisateur néo-zélandais Vincent Ward mélange toutes les religions dans un melting-pot indigeste, jusqu'à un final réincarnatoire totalement ridicule. Une nouvelle fois, on compte sur la forme pour pallier au manque de fond. Techniquement, "Au-delà de nos rêves" tient toutes ses promesses: les acteurs évoluent dans des décors de synthèse évoquant des peintres comme Botticelli, Church, Bosch, Cole, Turner ou Inness. L'interaction entre les comédiens et les oeuvres picturales est parfaite, mais le scénario se perd dans un prêchi-prêcha des plus naïfs, proche de l'imagerie saint-sulpicienne.
Ajoutez à cela un Robin Williams au bords des larmes à chaque seconde et vous obtenez l'un des pires forfaits commis par le Septième Art cette année.