Au feu les pompiers est un film austère, qui déplaira généralement au grand public, mais qui critique frontalement et courageusement le système en place. Courageusement, car le réalisateur, Milos Forman, encourra la prison et ne l'évitera que par un concours de circonstances.
Désespéré plus que drôle, Au feu les pompiers montrent les soldats du feu cherchant, au cours de leur bal annuel, de belles filles pour le concours de miss pompiers, et salivant dessus au passage, alors que dehors une maison brûle dans l'indifférence générale.
Le film est explicite à plus d'un titre. Les lots de la tombola disparaissent les uns après les autres, volés. Au malheureux qui a tout perdu lorsque sa maison a brûlé, on offrira en compensation les numéros de la tombola, papiers sans valeur puisque les lots ont donc disparu. Et lors du discours de l'organisateur, celui-ci bute sur un mot, ne le retrouve pas. Il s'agit du mot "solidarité", valeur la plus mise en avant par le régime.
L'ensemble est particulièrement sombre et désespéré, aussi ne faut-t-il pas s'attendre à rire beaucoup dans cette comédie. Tous les comportements y sont consternants, et on reprochera même à un pompier de rendre un des lots, jetant le discrédit sur la corporation car on l'y a surpris!
Voilà, le régime est corrompu, méprisant et hautain, l'esprit de corps a remplacé la solidarité pour le pire, les institutions sont impuissantes, la concussion et la prévarication y étant la règle, et dans tout cela le peuple est réduit à des silhouettes qui ne se rebellent même plus, quand elles n'acclament pas cet état de fait.
Et bonne journée, messieurs les censeurs!