Pour qui a découvert Aki Kaurismäki avec ses Leningrad Cowboys, la mise en scène maniérée du cinéaste n'est pas faite pour surprendre. Le dépouillement du décor, le cadrage strict des plans, le minimalisme de l'interprétation déterminent un récit anti-naturaliste où l'austérité confine à la grâce.
"Au loin s'en vont les nuages" est une histoire très simple, conte social duquel le réalisateur bannit, formellement, l'émotion et les effets dramatiques. Pour autant, l'existence de ce couple finlandais réduit au chômage puis à la pauvreté ne nous est évidemment pas indifférente. Conformément aux accents poétiques qu'introduit la sécheresse de l'exercice de style.
L'ensemble des personnages joue sur le mode de l'inexpression, tout au moins de la neutralité de la physionomie: pas un sourire, pas une larme, pas un rictus ne ponctuent les incidents de parcours du couple Ilona et Lauri.
Cette distance émotionnelle et cette économie dramatique, par leur caractère irréaliste et anachronique, vont jusqu'à susciter des instants subtilement cocasses qui atténuent la gravité du sujet et la tristesse des personnages. Souhaitons que le projet professionnel d'Ilona et Lauri, couple solidaire et touchant, leur réserve un avenir meilleur...