Retour complet au pays pour Quentin Dupieux avec une distribution à 100 % française, si on oublie que Benoît Poelvoorde est belge évidemment. Bon, disons qu'ils sont tous francophones.
Et pour que le retour soit encore plus complet, le réalisateur fait référence au cinéma de Bébel période René Chateau, et revisite aussi le brillant film de Claude Miller, Garde à vue. Bon, Garde à vue à la sauce Dupieux quand même.
On a du flashback qui se confond avec du flashforward, où celui qui le raconte peut y rencontrer un personnage qu'il n'a pas encore rencontré, ou celui qui écoute le protagoniste de ce retour en arrière, en train de raconter, peut voir exactement la même chose que le spectateur. La mise en abyme n'a absolument aucune frontière... bref, on est chez Dupieux.
Il faut juste souligner que l'intrigue sous forme de huis-clos avec une garde à vue à la clé, l'aspect formel (toujours admirable chez le cinéaste !) rappelant à la perfection le polar français de la fin des années 1970-début 1980, ainsi que Benoît Poelvoorde, à la tête d'un casting impeccable, rendent le tout plus séduisant et moins effrayant pour le spectateur. Mais cela n'est en aucun cas dérangeant, car même en donnant l'impression d'être plus grand public (ce qui n'est pas forcément un défaut pour moi !), le réalisateur ne trahit jamais son cinéma. On a le chaînon manquant entre cinéma populaire et cinéma exigeant à la Dupieux.
Il est juste dommage que la deuxième partie soit poussive alors que la première est géniale... Non, je déconne (ceux qui ont vu le film comprendront la blague !). En fait, c'est vraiment du très bon ouvrage, du début jusqu'à la fin, qui montre que plus on avance dans la carrière du cinéaste, mieux c'est. C'est même la première fois que je ressens un véritable plaisir à voir un film du Monsieur.