James Bond à part entière dans la saga, Au Service Secret de sa Majesté est le seul avec un acteur qui endossera le rôle qu'une fois, le seul avec un tel final... et hélas le seul complètement à côté de son époque !
Sean Connery a raccroché son Walter PPK (pour un temps), la production voit dans un acteur de publicité australien son successeur, par défaut (ca commence mal), en la présence de George Lazenby. Au Service Secret de Sa Majesté devait être adapté plus tôt, mais par manque de locations, il est postposé, ce qui va créer d'énormes confusions dans le scénario. En effet, afin de rassurer le spectateur, ce sixième film répète régulièrement que rien ne change, c'est bien le même 007, que ce soit par des répliques clin d’œil, le générique nous rappelant les épisodes précédents ou encore les souvenirs dans sa mallette des missions passées. James Bond reste James Bond. Mais alors pourquoi ? Dites-moi pourquoi Blofield rencontre James Bond comme si il était un parfait inconnu alors qu'ils s'étaient rencontrés, yeux dans les yeux, dans On Ne Vit Que Deux Fois ? Et le film en est remplis ! La structure du film est également foireuse. On passe la première demi-heure à voir Bond tomber amoureux. Mais vraiment hein ? C'est pas un énième coup de bite ! Ah non, James lui compte fleurette, c'est gnangan à souhait. Mais bon on a compris. Pour une fois, c'est la bonne. Cela ne l'empêchera pas pourtant d'aller après lever 2 pouffes une fois dans le repère de Blofield. Classe ! Pour ensuite revoir la fiancé, plus d'une heure après, lui sauver les miches et se marrier. Je passe outre le final dramatique, qu'il est de bon goût de souligner pour aller à contre-courant, qui tombe mollement et inutilement.
En plus ce James manque de folie. Adieu Ken Adams, le décorateur se la joue réaliste. Pas de chance, nous sommes en 1969, la déco est hyper kitch et a super mal vieillit. L'action n'est pas folichonne non plus. On notera juste les poursuites en ski plutôt jolies mais que va se révéler vite ridicule dès qu'il y a un gros plan sur ce Bond avec son affreux bonnet. Parlons-en de James Bond. Sans être mauvais, George Lazenby ne dégage rien, aucune classe. Il jouera même la starlette sur le plateau à en gonfler toute l'équipe le rendant encore plus antipathique. De plus, avec Easy Rider qui révolutionne la société, ce James Bond semble encore plus à côté de la plaque. Hyper conservateur et vieux jeu, il choque particulièrement en cette année 1969. Limite à en qualifier de raciste lorsque Blofield manipule une dizaine de nanas des quatre coins du monde en leur faisant manger leur plat "typique" bien de chez eux. Pour la chinoise, du riz, l'indienne des galettes fines, et pour l'africaine... des bananes !
Ironiquement, tous ces défauts, gros comme une maison, forment l'attrait principal du film. Un kitchissisme jamais atteint dans la saga et qui fait qu'on le regarde comme un bon nanard... au second degré. Au Service Secret de Sa Majesté est plus proche de la parodie de Casino Royale de 1967 que d'un Goldfinger. Heureusement, la prod' a vite fait de limiter les dégats.