Au Service secret de sa Majesté voit Georges Lazenby endosser pour une seule et unique fois le personnage de James Bond dans un opus plus réaliste et fidèle au roman de Ian Fleming. Pour un sixième opus plus humain et émouvant.
Au service secret de sa Majesté voit ainsi le départ de Sean Connery, ici remplacé par Georges Lazenby, visage méconnu venu du mannequinat à qui l’on a adjoint les services de Diana Rigg, brillante Emma Peel de Chapeau, Melon et Bottes de cuir. Unique opus également à être réalisé par Peter Hunt, monteur sur quelques précédents épisodes qui affiche dès le départ la volonté claire de dénuer Bond de ses gadgets pour un film plus réaliste et plus fidèle au roman éponyme de Ian Fleming dont est adapté le film. Injustement oublié et boudé pour son James Bond écrasé par les interprétations de successives de Sean Connery et Roger Moore, cette seule incarnation de Georges Lazenby vaut pourtant le détour car elle insuffle à la saga un côté émotionnel rarement vu jusqu’alors.
Au service secret de sa Majesté ne voit ainsi Bond confronté qu’à deux personnages essentiels de son histoire : D’un côté Blofield, némésis incontournable qui revient une fois de plus avec la volonté d’empoisonner la planète, et Tracy, comtesse perdue et véritable femme de sa vie qu’il ira même jusqu’à épouser dans un final sec et tragique. Et c’est là la réussite de ce sixième opus : Bond est comme mis à nu, sous l’apparence élégante et froide mais néanmoins plus fragile de Georges Lazenby. Il ne reste ainsi plus qu’à l’agent que deux issues : Celle d’un ultime affrontement et d’un avenir qui se dessine sous des contours plus radieux, illustré par le visage de Diana Rigg.
Si Au service secret de sa Majesté souffre ainsi de quelques baisses de rythme et d’une mise en scène 60’s qui a quelque peu vieilli, le film de Peter Hunt touche pourtant l’essentiel du personnage de James Bond. Enquêteur, séducteur et homme d’action, l’espion se trouve de plus traqué par un ennemi plus puissant que lui, ne trouvant cette fois le réconfort et l’aide nécessaire qu’auprès d’une femme qui sera cette fois bien plus qu’une James Bond Girl de passage. Tiraillé entre sa carrière et son cœur d’un poste qu’il désire quitter dès le début du film, James Bond se fait ici, derrière des manières misogynes, définitivement plus humain.
Malgré d’énièmes poursuites montagnardes qui finissent par se répéter, la volonté est ici claire, plus modeste et donc plus fragile. Bond n’a que deux issues, et il devra trancher, dans un film qui délaisse donc quelque peu le MI6 et son final explosif pour celui d’un mariage, où Bond ne finit ici plus l’aventure avec une énième conquête mais la femme de sa vie. Voyant ses intérêts personnels avant ceux de la Reine d’Angleterre, et n’hésitant pas à faire appel à un ancien ennemi mafieux, James Bond en paye ici le poids de son engagement, qui ne s’arrêtera hélas pas où il l’aura décidé.
Il est ainsi regrettable que la saga n’ait pas poursuivi ce ton plus sec et humain en poursuivant la quête d’un Bond qui se conclut sur des notes beaucoup plus tragiques. S’il a un temps été oublié et boudé, Au service secret de sa majesté se hisse pourtant facilement dans les opus les plus réussis de la saga. Parce qu’en plus de remplir son contrat, il touche enfin la corde sensible, et que l’on voit enfin le célèbre agent double comme un humain avec un cœur et des sentiments qui vont bien au-delà de son engagement pour la Reine d’Angleterre et d’une énième mission, ce dixième opus mérite d’être réévalué. Et aimé comme il se doit.
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