Après Blue Ruin, puis Green Room, Jeremy Saulnier revient avec... Hold the Dark. Vu la catastrophe qui se cache derrière ce titre à la mords-moi-le-nœud, on attend avec impatience un hypothétique Forget the Red, ou Forever Brown.
Un écrivain qui a pondu un bouquin de poche sur les loups est contacté (par lettre) par une femme qui vit en Alaska et dont le fils aurait été mangé par des loups. Elle lui demande de venir tuer le loup qui a tué son fils. Pourquoi ? Pourquoi pas. On a rarement vu plus con, mais bon, si ç'avait été Liam Neeson ou Denzel Washington on n'y aurait pas regardé à deux fois. Comme en Alaska, la devise c'est Aucun téléphone ni Internet, le bonhomme décide de prendre l'avion et d'y aller, sans prévenir.
Elle ne s'y attendait pas vraiment d'ailleurs, et elle trouve le bonhomme un peu vieux (l'état du bouquin, qui a l'air de dater des années 70, aurait dû lui mettre la puce à l'oreille). Qu'à cela ne tienne, elle décide de coucher avec lui.
Sur ces bases improbables, le reste se développe de manière tout aussi absconse, mettant en scènes des personnages sans aucune épaisseur, sans aucune vraisemblance, et surtout foncièrement antipathiques. Tout le monde semble avoir pris l'adage "less is more" au pied de la lettre. Minimum syndical dans le jeu. Les dialogues ne volent pas très haut non plus, et l'histoire n'a Aucun intérêt ni but.
Le protagoniste ne sert non seulement à rien, mais sa présence apparaît comme de plus en plus absurde au sein de tout ce merdier.
Les gens meurent (sans qu'on sache vraiment pourquoi les deux raclures qui servent d'antagonistes veulent les tuer) comme si le film se voulait un hommage à Terminator (2), notamment lors d'une scène d'une longueur qui frise l'indécence, et pourtant, personne n'envoie la cavalerie (Swat ? Armée ? FBI ?). Non, c'est papa Russell l'écrivain grippé qui ira jusqu'au bout.
Pour y trouver quoi ?
Rien.
Hold the Dark est poseur dans ses dialogues, sa musique, ses plans, ses personnages, son absence de message, sa violence imbécile. Mais derrière la pose, dissimulée sous un écrin cotonneux d'un blanc immaculé, se cache une bonne grosse merde sombre qui pue pendant plus de deux heures.