«Auto-focus» est un biopic sur la vie de Bob Crane, star de la célèbre série «Papa Schultz». Le film raconte comment le succès fit perdre pied à un homme, confronté à une addiction sexuelle qui lui coûta sa carrière en tant qu'acteur.
Un des films de Paul Schrader le plus faible que j'ai eu l'occasion de voir. La raison est - selon moi - dû au manque d'informations détaillées sur des faits intéressants à montrer sur la vie débridé du personnage qui mettraient en lumière des aspects plus approfondis de sa personnalité, ainsi que la non-linéarité du scénario. Effectivement, durant une grande partie du film, on passe du club de strip-tease aux scènes de sexes avec une redondance assez problématique, sans que l'on apprenne grand-chose de plus sur ce bon-chrétien d'apparence cachant un problème d'addiction au sexe. Le second problème est que Schrader sort de la logique linéaire de ses scénarios habituels, biopic oblige.
Néanmoins, le film est sauvé in-extremis par ses 25 dernières minutes. La mise en scène change radicalement, la caméra est bien plus mouvante, la photographie plus sombre et une musique d'ambiance oppressante nous plonge dans la tête confuse de Bob Crane, sombrant totalement, marquant ainsi la perdition du personnage. Seulement, cela arrive d'un coup après un écran noir assez marqué. L'intensité dramatique amenée par le sentiment et l'émotion - qui est propre au cinéma de Schrader – laisse place à la technique pure, au tranchant d'un style visuel changeant radicalement.
Un film sympathique, mais qui – à défaut d'approfondir le personnage – aurait pu se passer d'un bon quart d'heure.