T'en veux aussi, patate ?
Malgré toutes ses qualités techniques, ce film procédurier ne m'a pas emballé, loin s'en faut. La photographie est très réussie, James Stewart est impayable en avocat à la cool, les dialogues à la barre sont millimétrés et l'histoire tirée de faits réels laisse planer le suspense du début à la fin. Malheureusement, le procès occupe la moitié du film, et à mes yeux il n'y a rien de plus ennuyeux que de voir des avocats se couper incessamment la parole à coups d'objections.
Il faut également avouer que toutes ces histoires de vertu, de sous-vêtements et de serments sur un rosaire ont pris un méchant coup de vieux, et au final, j'ai plus eu l'impression d'assister au procès d'une femme pour adultère qu'à celui d'un homme pour meurtre (Amérique puritaine, quand tu nous tiens...). Pour un film qui se veut technique et sérieux, j'ai également trouvé que les rires de la salle d'audience et les prouesses du petit chien étaient complètement hors-sujet : ce côté théâtral n'apporte strictement rien, si ce n'est l'impression d'assister à une bouffonnerie.
Il y avait pourtant du potentiel dans ce long métrage. Il se dégageait quelque chose de James Stewart quand on le voyait chez lui, seul au piano, mâchant un cigarillo à la manière de Clint Eastwood, et j'aurais aimé que le réalisateur s'intéresse de plus près à ses relations particulières avec son pygmalion alcoolique et sa secrétaire sarcastique.
Enfin, si certains cinéphiles crient au génie car Preminger a osé se passer des plaidoiries finales, j'ai en ce qui me concerne trouvé leur absence regrettable. La pseudo-explication avancée à la fin de l'interrogatoire des témoins m'a laissé pour le moins perplexe, et je me demande encore ce qui a irrémédiablement fait pencher la balance dans la décision du jury... Après un si long procès et 2 heures 40 de film, c'est un peu ballot, non ?