Si l'on m'avait dit il y a quelques années que j'aimerais autant un film de procès de 2h35, je ne l'aurais pas cru. Simplement parce que c'est un genre avec lequel j'ai du mal, qui me rebute la plupart du temps et que certaines expériences m'ont fameusement refroidi par le passé. Il faut croire que j'avais juste vu de mauvais films.
Parce qu'ici, c'est avec passion et intérêt que l'on suit les déboires de Paul Beigler, campé par le toujours génial James Stewart, tentant tant bien que mal de démêler le vrai du faux dans une affaire floue de meurtre passionnel. Du moins, c'est ce qu'il fait durant la première partie du film, multipliant les rencontres et entretiens avec l'accusé, Frederick Manion, coupable d'avoir logé une balle dans le cœur du présumé violeur de sa femme, la belle et frivole Laura, interprétée par la non moins délicieuse Lee Remick. Cette dernière ne semble pas toute rose dans l'histoire, tant son comportement provocateur et ses mœurs légères laissent à penser qu'elle n'était peut-être pas la plus fidèle des femmes...
Beigler est épaulé par Parnell, un viel homme de loi rongé par l'amour de l'alcool, et Maida, sa secrétaire droite dans ses bottes et maligne. Ce trio est attachant car vrai, cherchant à gagner le procès avant tout, prêts à faire dire à une jeune fille que son père était sans doutes un homme aimant un peu trop les femmes et ayant pu commettre l'irréparable, prêts à rouler jusqu'au Canada sans permis pour un indice, presque prêts à croire que leur client était dans un état mental second lors de son crime, et surtout prêts à se battre bec et ongle contre des ténors du barreau, Lodwick et Dancer, dont les objections énervent autant le spectateur que ce cher Jimmy.
Au final, on est pendus aux lèvres de chaque intervenants, devenant nous même jurés, prenant en compte les sages recommandation d'un vieux juge assez drôle, vibrant avec Paul Beigler en quête de justice mais ne perdant pas de vue que l'homme que nous devons juger a ôté la vie d'un autre. Et lorsque Dancer entre en piste, faisant vaciller la flamme dans les beaux yeux de Laura, on se surprend même à douter...
Et bien entendu, sournois qu'il est, Otto Preminger ne nous donnera jamais la vérité, histoire de nous faire cogiter encore un peu plus avec un final ambigu du plus bel effet.
Avant d'écrire cette critique, je me demandais ce qui m'avait tant fait aimer le film. Maintenant je sais.