Je ne pense pas connaître un autre film de cette durée avec autant de rythme. C'est d'autant plus fou qu'au final, rien d'exceptionnel n'est raconté. J'ai beau l'avoir vu plusieurs fois, je reste émerveillé par la vitesse à laquelle passent ces trois heures, et j'ai toujours un pincement au cœur lorsque le Save Me d'Aimee Mann débute, annonçant la fin. Et là je sais qu'il est déjà l'heure de dire au revoir à Linda, Phil, Franck, Donnie et les autres...
Nous rencontrons donc Jim, un flic solitaire qui va perdre son flingue mais trouver l'amour.
Linda, une femme désespérée tombée dans son propre piège, qui n'aura pas la force de faire ce qu'il faut pour soulager son mari mourant et qui ratera même son propre suicide.
Earl, vieux et malade, dont les rares moments de lucidité sont pleins de remords sur ses erreurs passées, qui ne veut qu'une chose, revoir son fils une dernière fois avant de partir.
Phil, un gentil docteur prêt à tout pour aider Earl, qui remuera Ciel, Terre et magazines porno pour accéder à cette dernière volonté.
Franck, adepte des speech motivants, applaudi par des foules d'hommes à la recherche de leur virilité, caché derrière ses mensonges et sa douleur, jugeant tranquillement le monde qui l'entoure avant que le sien ne s'effondre.
Claudia, une junkie paumée enchaînant les lignes et les amants, perturbée par un passé obscur et incertain.
Jimmy, présentateur vedette mourant d'un cancer, mais encore plus atteint par ses regrets, car son passé n'en a pas fini avec lui.
Donnie, ancien petit génie volé par ses parents, confondant enfants et anges, perdu au fond d'un verre de Tequila, servi bien frais par Brad, à qui il aimerait donner son amour, tant il en a en lui.
Et puis il y a le nouveau génie, Stanley, ayant réponse à tout mais n'ayant droit à rien, pas même à l'affection d'un père qui ne voit en lui qu'une source éventuelle d'argent.
Et à un moment il pleut des grenouilles, ce genre de choses arrivent.
Toutes ces petites histoire s'imbriquent parfaitement grâce à la magie d'un montage millimétré, bien servi par la mise en scène inspirée de Paul Thomas Anderson et un casting formidable ( Julianne Moore est exceptionnelle, sa performance est à n'en pas douter l'une des meilleure de ces 20 dernières années, et la scène de la pharmacie est d'une force inouïe, me donnant des frissons à chaque fois ), pour nous offrir une réflexion sur la vie, la mort, le destin et bien d'autres choses. On notera également la musique, rythmant parfaitement le tout et en faisant une œuvre homogène.
Magnolia est un voyage, le plus prenant qu'il soit, de quelques heures dans la vies de neuf personnes, suivant chacune leurs destinées, liées les unes aux autres par des liens invisibles. Il y a beaucoup de tristesse, de regrets et de deuil. Il y a de l'auto-destruction et du désespoir. Et pourtant, tout se termine sur un grand sourire et un regard caméra humide renvoyant au mien, de l'autre côté de l'écran...