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Après l'énorme succès critique et commercial de Blanche-Neige et les Sept Nains, le défi était le même qu'après n'importe quelle première réussite, confirmer. Et même faire mieux que ça... Après avoir appris de leurs erreurs sur Blanche-Neige, ici, Walt ne veut qu'une chose, la perfection.
Passer après le premier Classique, ça n'allait jamais être facile, mais dès les premières visions de presse, les journalistes ont dû rivaliser d'ingéniosité pour trouver les bons adjectifs, pour faire comprendre que Pinocchio, c'était encore mieux ! Malheureusement, le succès public ne sera pas au rendez-vous. La faute aux thèmes plus adultes, au côté plus européen du métrage, et à la seconde guerre mondiale, repoussant la sortie du film dans la plupart des pays du vieux continent à 1946.
Aujourd'hui, 80 ans plus tard, beaucoup d'amateurs du genre, et d'animateurs bossant actuellement chez Mickey, considèrent Pinocchio comme l'un des plus grand Classique Disney de l'histoire. Walt voulait la perfection, et au niveau visuel, il n'en est quand même pas loin. Là où Blanche-Neige avait quelques passages un peu moyens, ici, rien de tout ça. Une armée d'animateurs se sont relayés pour créer ce que l'on voit à l'écran, et beaucoup d'entre eux, encore jeunes à l'époque, font maintenant partie des 9 Sages de l'animation Disney. Le Mont Rushmore du dessin animé, si vous voulez. Vous ajoutez à ça ce qui se faisait de meilleur dans le domaine depuis des années, et ça donne une dream team.
Chacun des personnage important a eu droit à son dessinateur attitré, ce n'était pas le même gars qui s'occupait de Pinocchio, de Gepetto, de Figaro, de Grand Coquin, de Jiminy Cricket,... A la différence de Blanche-Neige, qui avait, visuellement, en terme de personnage marquant, les deux versions de la reine, et les nains, c'est à dire 3 styles distincts, ici, ils ont tous leur patte propre. Enfin, sauf encore une fois le personnage le moins caricatural, le plus proche de l'humain, la Fée Bleue.
J'ai beaucoup lu et entendu que ce film avait traumatisé pas mal de monde, et qu'ils n'en avaient pas un excellent souvenir aujourd'hui, à cause de ça. Que c'était trop sombre pour eux, qu'ils ne montreraient pas ça à leurs enfants. Et oui, c'est clair, si pour vous, demander à un chasseur de ramener le cœur d'une jeune fille dans une boite c'était déjà limite, Pinocchio hausse encore le ton de la noirceur, abordant le travail forcé, l'enlèvement d'enfants, la manipulation des plus faibles, les assassinats rémunérés, la drogue, l'alcool, la violence, la séquestration, la transformation d'enfants non-éduqués en ânes, le désespoir...
Mais il n'en est pour moi pas moins un film essentiel qui, malgré ses aspects qui pourraient faire peur aux plus jeunes, mérite d'être montré aux enfants, en ajoutant peut-être du contexte, en leur expliquant la symbolique de certains passages.
Ce qu'il y a de plus intéressant quand on revoit un Disney en tant qu'adulte, je trouve, c'est d'y retrouver toutes les significations, les sens profonds de certaines phrases, actions, personnages. Et Pinocchio regorge de symbolique.
Rien que le mensonge, grandissant tellement qu'il devient impossible à cacher, comme le nez au milieu de la figure, qu'une conscience sans expérience, ça sert pas à grand chose ou le fait que les enfants qui choisissent la vie facile, faite de pillages, d'alcool, de drogue et de bagarre, ne valent pas mieux que des ânes, sont condamnés à travailler pour les autres et être exploités par la société autour d'eux.
On ne peut pas passer non plus à côté de l'idée que le fait que Pinocchio soit une marionnette n'est pas innocent, puisqu'il passe presque tout le film à être contrôlé par la volonté des autres.
Au final, oui, c'est pas toujours très marrant, Pinocchio, comme cette scène de petit âne qui appelle sa mère en pleurant, c'est terrible, mais avec du recul, et en revoyant à quoi ressemblaient les dessins animés 10-15 ans plus tôt, c'est encore une fois, après Blanche-Neige, un tour de force magistral. D'une beauté rarement dépassée, aux thèmes plus sombres et aux enjeux plus grands que le précédent. On est plus sur l'importance de l'éducation, de suivre le droit chemin, de ne pas céder aux tentations, et c'est ce qui fait que le film a pour moi toute sa place dans la liste des Classiques, non seulement de Disney, mais du cinéma en général.