Le défi pour James Cameron, semble une source d'énergie inépuisable. Alors qu'il a déjà battu tous les records avec Titanic, puis avec le premier opus d'Avatar, comment envisager la suite ? Il s'avère qu'Avatar n'est pas un projet comme les autres pour son réalisateur, c'est l'œuvre de sa vie.


La conception de l'univers débute dès 1994 mais c'est en 2009 qu'on le découvre au cinéma, la confrontation entre les humains et les Na'vi étaient alors au centre de l'histoire. Le choses sont bien différentes dans ce deuxième volet puisque la quasi totalité du film se déroule sur Pandora et les rapports d'altérité ne sont plus simplement humain/Na'vi. En effet les personnages sont de plus en plus hybrides, on découvre des métissages inter-espèces et on prend conscience de la diversité Na'vi (Omaticaya/Metkayina). Il y a un questionnement permanent sur cette notion d'altérité et d'ouverture à l'autre. Quand ce ne sont pas les gènes qui ont été mélangées, ce sont les sentiments d'appartenance. Le personnage de Spider en est le parfait exemple : génétiquement humain, il semble pourtant bien être Na'vi. Ce deuxième opus est moins manichéen, Jack Sully et sa famille fuient la forêt pour la protéger et se retrouvent confrontés à un nouveau peuple, les Metkayina. L'intégration n'est pas simple et personne n'échappe aux constructions mentales : les personnages sont méfiants, parfois agressifs et créent des mythes infondés (le tulkun tueur) pour vivre en société.


Cameron peut ici pleinement s'exprimer et dévoiler sa passion pour le monde sous-marin. On découvre un formidable bestiaire composé de créatures volantes et aquatiques mais aussi mécaniques. Les avancées technologiques des humains leur ont permis de concevoir des machines surpuissantes et fortement inspirées par le biomimétisme, comme un rappel que la nature a tant à nous apprendre. Les tulkuns, créatures suprêmes et vénérées, nous enseignent l'importance de la paix. Elles évitent la guerre à tout prix et même quand elles sont attaquées, elles ripostent en utilisant l'arme de l'ennemi. C'est ainsi que les chasseurs se retrouvent ligotés avec leur propre câble, prisonniers de leur propre haine. Le film ne renie pas pour autant l'existence de la violence dans la nature, on voit les enfants se battrent entre eux pour se découvrir et l'ennemi peut venir de partout. On ne verra toutefois jamais un Na'vi tuer un animal, la connexion avec le vivant prime et les moments de symbioses sont nombreux.


Dans le premier Avatar, la puissance de l'humain semble insurmontable, il représente l'adversaire ultime face à la nature. Il s'agit d'une toute autre hiérarchie dans les eaux de Pandora. Le rapport de puissance s'inverse pendant la scène finale et on comprend très rapidement que l'humain n'a aucune chance. Le combat est grandiose mais clairement déséquilibré. La quête du colonel est perdue d'avance, pourtant il s'accroche à son désir de vengeance, à son égo, prêt à tout perdre pendant que le bateau coule. Les références à la filmographie de réalisateur-scénariste-producteur sont évidentes (Terminator, Aliens, Abyss, Titanic) et ses expériences précédentes semblent converger vers cette œuvre magistrale.


La maitrise est totale, on peut toutefois soulever des questionnements, par exemple sur l'intérêt de faire parler les tulkuns, peut-être pas nécessaire quand la communication passe déjà si bien par les yeux, le corps, l'image. Des questionnements aussi sur la bande son, très discrète. Ils relèvent toutefois d'un parti pris et il m'est difficile de trouver des défauts à ce film. J'aurai aimé voir davantage les Na'vi manger, danser, s'enlacer, vivre... Mais quand on a envie d'en voir plus après plus de 3 heures de visionnage, c'est bon signe.


Comme souvent chez Cameron, la famille et les liens sociaux tiennent une place centrale, mais c'est plus généralement l'amour qui est célébré. Avatar 2 est une ode à la vie, une fable écologique et une leçon de cinéma. Le 7ème art est, dans un sens, l'art total. Il regroupe toutes les disciplines et utilise les atouts de chaque forme d'art pour servir son propos : la musique, la danse, le théâtre, le dessin... se joignent au service du film. Il perd indéniablement en authenticité et en puissance émotionnelle par rapport au spectacle vivant mais sa force réside dans sa capacité de diffusion. Avec Avatar, Cameron utilise merveilleusement cette opportunité pour s'adresser à la Terre entière. Il dénonce l'absurdité de la guerre, de la colonisation et de l'exploitation du vivant. Il créé une hymne dédiée à la paix entre les êtres et son ambition résonne à un moment où le monde en a particulièrement besoin. Le budget colossal et les prouesses technologiques du film font écho aux folies industrielles qui menacent Pandora, mais tout ceci est utilisé pour nous convaincre de la protéger. Immergés pendant plus de 3 heures dans une symphonie organique, quel autre choix avons nous que de nous émerveiller ?

Mezz0
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le 8 janv. 2023

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