C'est sur cette musique bien triste que je vide toute l'eau stagnant jusqu'à présent dans mes yeux.
Alors que la bande annonce envisageait un retour en force des frères Coen et annonçait un film aussi déjanté qu'un Big Lebowski, il n'en est nullement question. Ave, César est un film très particulier, puisqu'il se focalise sur une histoire anodine, dénuée d'intérêt et de sens, où je me demandais sans cesse l'intérêt apporté par telle ou telle scène. Les frères Coen sont des réalisateurs talentueux, toujours capables de nous pondre des chefs d’œuvres intenses comme des films passables (il ne me vient en tête qu'Intolérable Cruauté cependant). Ici, j'attendais beaucoup du film. Non seulement la seule prononciation du nom "Coen" devrait suffire à la plupart d'entre vous à aller voir le cinéma, la présence d'acteurs aussi talentueux est d'autant plus une raison de se déplacer dans une salle obscure. George Clooney, mon idole Josh Brolin, Scarlett Johansson, Channing Tatum, et tant d'autres! Cela suffirait à faire rêver le moins cinéphile des cinéphiles. Et pourtant...
Il est vrai que le film n'est pas un véritable raté. La photographie du film est excellente, comme certaines séquences, je pense notamment à la scène du spectacle avec Scarlett Johansson, tant fabuleuse dans sa mise en scène que par ses merveilleuses couleurs, le tout débordant de créativité et d'imagination. Il y a d'excellents (ou du moins bons moments) qui m'ont captivé, mais très peu de temps. La séquence du tournage du film avec Tatum est certes grandiose, mais devient vite lassante, comme à peu près tout le film.
C'est en effet au niveau des lenteurs que le film subit sa plus grosse perte d'intérêt. L'accablante lenteur que l'on retrouve souvent dans le cinéma, parfois intensément bien faite (Paris, Texas), parfois ne servant qu'à casser le rythme d'un film déjà mou (12 Years A Slave). Ici, Ave, César ressemble plus au deuxième type de catégorie. Le film ne démarre jamais vraiment, et l'ennui s'installe très vite. Si le film est intéressant par son histoire et son idée originale, il perd très vite de sa valeur à cause des multiples séquences trop longues, qui ne serviront jamais par la suite, et dont je me demande vraiment pourquoi elles sont dans le film d'ailleurs (toute l'histoire de Johansson est inutile, car même si ça dénonce en partie les magouilles du studio de cinéma, c'est de loin inintéressant). Nous sommes hélas bien loin de The Big Lebowski, qui enchaînait alors les séquences folles et captivantes, loufoques et drôles. Car oui, même si Jeff Bridges n'est pas dans le film, il y avait du potentiel dans Josh Brolin. Et d'ailleurs, les acteurs, j'y venais justement...
Comme nous pouvions nous attendre avec un casting si important, beaucoup de têtes connues sont vite oubliées dans le film, tant leur rôle est infime. L'affiche du film est d'autant plus mensongère que la moitié des acteurs cités ne se retrouvent que pour une dizaine de minutes voir moins pour certain (record pour Jonah Hill, aussi vite éclipsé que son jeu d'acteur et ses répliques). C'est donc une grande déception où l'on comprend que l'on se joue de nous. Scarlett Johansson a un rôle inutile, Channing Tatum peine à se démarquer avec une dizaine de minutes à l'écran alors qu'il devrait avoir un rôle plus important vu ce qu'il se passe à la fin du film. Tida Swilton a le mérite d'avoir un rôle plutôt drôle, même si elle ne se démarque clairement pas dans le film. Ralph Fiennes a un rôle tout aussi inutile que celui de Scarlett. Reste quelques autres qui ne se démarquent pas vraiment, sauf Alden Ehrenreich qui a un rôle qui lui convient plutôt bien. Reste Josh Brolin, un acteur qui ne cesse de m'enthousiasmer, et qui réussit encore une fois à assurer un beau rôle dans le film, seul rôle intéressant et assez développé. George Clooney est le personnage qui devrait faire avancer l'intrigue. Même si celle-ci n'avancera jamais, Clooney a le mérite d'avoir de bonnes scènes.
Outre ces abominables lenteurs qui défigurent le film, on notera les multiples tentatives d'humour, toutes ratées les unes des autres. Entre une phrase mal-répétée et des moments ratés (croyez-vous vraiment que l'on peut rire lorsque Clooney met son épée de travers et se la plante en s'asseyant DEUX fois qui plus est), entre une mallette qui tombe à l'eau prouvant que le tout le film servait à rien et un Clooney qui oublie ses répliques, eh bien... J'ai été déçu il est vrai. La faute à l'absence de bande originale ? Non, bien entendu ça n'a aucun lien, mais c'est très déçu que j'ai réagi lors de la fin du film, aucune bande originale n'étant réellement présente. Quelques chansons apparaissent au fil de l'histoire, mais rien de bien marquant toutefois.
Ce qui m'a sans doute le plus gêné, c'est cette histoire décousue, aux milles et un personnages inutiles, dont le but final est de critiquer l'Hollywood (cinéma à grand budget en général) dans les années 50. Si l'intrigue du film est excellente,
À Hollywood, dans les années 1950. Eddie Mannix est un fixeur : les
studios de cinéma l'engagent pour régler les problèmes des stars. Les
studios hollywoodiens font appel à lui pour retrouver l'acteur Baird
Whitlock kidnappé par des truands.
elle est mal exploitée. Les intrigues secondaires s'enchaînent sans que l'intérêt ne s'en dégage, et l'intrigue principale est bonne mais très lassante.
Au final, il ne s'est rien passé dans le film, aucun suspens, aucune montée d'adrénaline comme le voudrait faire croire le résumé, aucun humour et bien des défauts. Alors oui, les fans de Coen aimeront sûrement, parce que c'est du Coen. La photographie est bonne, mais ça s'arrête là.